Sylvie Huguet est décédée le 29 juillet 2021 et nous en éprouvons une grande tristesse. Parallèlemnent à son œuvre littéraire, elle participait à la vie de notre revue depuis 25 ans.
L’écrivaine Cécile Oumhani a réagi très vite : « Je suis bouleversée. Sylvie était une personne tellement fine et sensible. Toute la richesse de son univers intérieur rayonnait dans son regard, dans sa voix discrète. Je l'entends encore me parler avec douceur lors de la dernière réunion d'équipe où je l'avais revue. Ses nouvelles sont superbes. Elles nous disent avec une très belle écriture l'attention qu'elle portait au monde, à la nature et à ses habitants, quels qu'ils soient. Je me sentais très proche d'elle. Comme elle va nous manquer... »
Autobiographie
« Tant pis pour le cliché : dès ma petite enfance, je me suis imaginé un avenir d’écrivain. Promesse tenue, finalement, quoique très différemment de ce dont je rêvais. En tout cas, dès l’âge de vingt-trois ans –– nous sommes en 1969 – après avoir passé une agrégation de Lettres, je décide de partager mon temps entre l’enseignement et l’écriture. Après quelques tentatives inabouties, j’achève vers la fin des années 70 un premier roman, Le Démon aux digitales. Persuadée qu’on n’attendait que moi, je vis mal les refus systématiques des éditeurs. Suivent un petit épisode dépressif, et quelques nouvelles. Mais je réserve toutes mes forces à un nouveau roman, Le Printemps des loups, auquel je travaille cinq ans et dans lequel je m’investis d’une façon démesurée. Quand je l’achève, j’ai quarante ans, je n’ai encore rien fait qui vaille, et j’ai l’impression de jouer mon va-tout : cette fois, les refus vont provoquer un cataclysme intime ; je m’enferme dans un sentiment d’échec existentiel qui va durer près de quinze ans, qui me mènera au bord du suicide et que j’affronterai dans une solitude totale, mes amis n’y comprenant rien. Désormais résolue à ne plus tenter ma chance dans l’édition, et refusant le compte d’auteur, je me sens incapable de m’engager dans une œuvre de longue haleine. Je me rabats alors sur la forme courte, dont j’ai toujours eu le goût, et j’accumule les nouvelles : près de cent-cinquante d’entre elles trouveront bon accueil dans nombre de revues. Néanmoins, le sentiment d’échec intime est toujours là. Je n’en sortirai qu’en 2002, quand un jeune éditeur, Gilles Cheval, auquel m’a présentée un ami commun, tombe amoureux de mon livre et décide de le publier enfin. Il se vendra peu, et les éditions Fer de Chances fermeront rapidement leurs portes, mais le maléfice est levé : je suis à nouveau capable d’écrire des romans et d’assumer les refus inévitables. C’est à cette époque que je fais subir une cure de rajeunissement radical à mon vieux Démon aux digitales, qui, lui aussi, trouvera enfin preneur. Depuis 2005 les publications – romans et recueils de nouvelles – se succèdent au rythme d’environ une par an.
Outre mon métier, y a-t-il eu dans ma vie place pour autre chose que l’écriture ? Oui, tout de même : de fortes amitiés, un amour très vif pour les animaux et la nature, la compagnie de mes chiens, dont le dernier somnole à mes pieds tandis que j’achève ces lignes. Il m’est une source inépuisable d’apaisement. »
Les livres
Plusieurs livres de Sylvie Huguet ont été chroniqués sur notre site :
Romans
Le démon aux digitales