Sylvie HUGUET

La mosaïque du fou


Sylvie Huguet a déjà publié deux romans et deux recueils de nouvelles, tous d’une écriture élégante et efficace. Pour ce troisième recueil, l’écriture reste forte et imagée, au service cette fois-ci, de nos angoisses et de nos obsessions.
Les dix nouvelles (treize si l’on considère que l’une d’elles regroupe quatre textes) mettent en scène des personnages aux prises avec une vie intérieure très torturée.
Confrontés à de monstrueux cauchemars, ils ne trouveront souvent d’issue que dans la folie ou la disparition : se fondre dans le décor, dans la neige, devenir pierre parmi les pierres, se laisser absorber par les toiles qu’ils contemplent…

La peinture est présente dans plusieurs nouvelles.
A Oslo, un visiteur est fasciné par "Le Cri" de Munch, par la souffrance qu’il exprime, au point de penser que seule sa présence peut apaiser la douleur du sujet. Mais jusqu’où doit aller sa compassion ?
Philippe, en visitant une exposition organisée par un médecin qui présente les toiles réalisées par ses patients, est subjugué par les peintures de Lydie, une femme qu’il a quittée et qui ne le lui a pas pardonné. « C’est mon amour pour toi que je peins » disait-elle. Il apprendra à ses dépens combien c’était vrai et de quelle nature était cet amour.
Dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, Romain feuillette une revue et trouve une série de chats peints par son père. L’article a pour titre : « L’évolution de Louis Wain, peintre et schizophrène ». Ces chats – qui d’un tableau à l’autre se dissolvent dans le fond géométrique – vont transformer les rêves du jeune garçon en cauchemars. Il va lutter contre le sommeil mais comment vivre sans dormir ?

Un sculpteur ne sait pas comment affronter l’agonie d’un ami autrement que par la réalisation d’une œuvre où il exprime toute la souffrance de Roland. Mais peut-on percer le secret de la douleur extrême ? La sculpture ne la fige-t-elle pas pour l’éternité ?

Certains ressentent une forte angoisse quand approche la fin des congés et qu’il faut retrouver l’univers du quotidien, le monde du travail et ses contraintes. Tous les moyens sont bons alors pour tenter d’échapper à ce retour inéluctable. Disparaître, encore, jusqu’à la métamorphose, un autre thème très cher à l’auteur.

Sylvie Huguet a plusieurs fois évoqué les animaux dans ses ouvrages et quelques-uns hantent plusieurs nouvelles du présent recueil. Un rouge-gorge, une mésange ou… des araignées…

Ce recueil s’adresse à ceux qui aiment le mélange entre littérature fantastique et introspection, nourri de Poe et de Kafka, avec parfois, pour rendre le cocktail plus doux, quelques touches de tendresse et d’humour. Un philtre fort et riche, à consommer sans modération…

Serge Cabrol 
(07/11/06)    



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Editions D'un noir si bleu
132 pages
14 €




Pour en savoir plus
sur l'éditeur :
http://dnsb.chez-alice.fr/





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