En chapitres alternés, nous suivons les relations de plusieurs jeunes hommes. Denis, homosexuel, avait un nouveau petit ami après sa rupture avec un garçon plutôt louche, dealer et lié au milieu des voyous.

Les chapitres où Olivier et Gilles se retrouvent donnent lieu à de riches conversations et à de belles pages sur les promenades avec les chiens.
Nous repartîmes, sous un soleil de plus en plus cuisant. Je commençais à me demander si le but de notre excursion valait la peine qu'elle nous coûtait, quand le sentier s'ouvrit brusquement sur un petit cirque en forme de coquillage, au fond duquel miroitait un reflet du ciel serti dans un velours d'herbe fraîche. Nous nous arrêtâmes en silence, crainte de briser d'un mot ou d'un geste la pureté cristalline du paysage, mais déjà les chiens descendaient vers le lac avec des aboiements de joie. Nous leur emboîtâmes le pas, jusqu'au bord de ce miroir d'eau calme qui brillait comme un saphir dans un écrin vert. Là où nous étions, au cœur du cirque, la montagne recomposait harmonieusement autour de nous ses lointains bleutés où le soleil allumait des étincelles de glace.

Du côté de l'histoire des jeunes hommes, le mystère et le suspense sont savamment entretenus. On se doute que Lionel y a joué un rôle mais lequel ? Pourquoi la sœur ne croit-elle pas au suicide ? Et le petit voyou, qu'avait-il à voir avec les étudiants ? S'il s'agit bien d'un crime maquillé en suicide, quel en est le mobile : l'argent, la rivalité amoureuse ?

Lors d'une visite à Gilles, au commissariat, Olivier croise Jeannine, la sœur de Denis. Il la raccompagne et elle devient sa maîtresse.

Un bel écheveau de relations amoureuses ou perverses relie tous les personnages, accroche l'attention du lecteur et maintient l'intérêt jusqu'à la dernière page. Un joli travail d'écriture alternant l'érudition des uns – avec des allusions à Montaigne, bien sûr, mais aussi Julien Gracq, Molière ou André Gide – et le langage plus populaire des autres.
- Tous les garçons de la classe me couraient après, sauf lui, alors forcément, ça m'a donné envie de l'avoir. Et puis, il était plutôt beau mec, il plaisait aux autres filles.
- Finalement, il a succombé à vos charmes ?
- Il a quoi ? Dites donc, vous parlez aussi bizarrement que lui.

Un grand plaisir de lecture. On ferme le livre en espérant retrouver la complicité d'Olivier et Gilles – et les gambades de leurs chiens – dans de nouvelles affaires aussi complexes et riches en surprises.

Serge Cabrol 
(03/08/12)