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Mercedes DEAMBROSIS


L'étrange apparition de Tecla Osorio



« Tecla Osorio est apparue une après-midi, vers dix-sept heures trente, un 14 avril 2009 à l'arrêt du car qui relie Medina del Campo à Buitrago, le 314. » Ainsi commence le roman de Mercedes Deambrosis qui nous entraîne dans un puzzle dont les pièces s'emboitent peu à peu pour distiller la vérité et reconstituer les onze années d'absence de Tecla Osorio qui a disparu un jour sans donner de nouvelles. Tout le monde l'a cherchée pendant des semaines puis on l'a cru morte… Aparicio la reconnaît et va annoncer la nouvelle à tous : « Il n'ose raccrocher. Bien sûr c'est des histoires, mais les histoires, il faut bien que ça vienne de quelque part. Et Aparicio Ramirez se maudit d'être en train d'appeler le commissariat à plus de neuf heures du soir pour dire qu'il a cru reconnaître Tecla Osorio sous l'abri du bus désaffecté, à la sortie de la ville. Sous le vieil abribus, où l'on dit l'avoir vue pour la dernière fois, le jour de sa disparition, onze ans auparavant. »

Nous découvrons peu à peu la situation de chacun des personnages et ce qui s'est passé pour eux pendant toutes ces années. Chacun a son explication sur la longue absence de Tecla : a-t-elle été enlevée, est-elle partie avec un homme… ?

Tecla ne dit rien. Personne n'ose la questionner. Le suspense est soigneusement entretenu et l'on ne lâche plus le roman une fois commencé.

Les parents de Tecla étaient allés voir la Garde civile, puisque le roman se déroule en Espagne, mais comme ils avaient eu des contacts avec "les rouges" ils ont été très mal reçus. L'histoire de la guerre civile s'invite en filigrane : « Si elle était revenue aujourd'hui, onze ans plus tard, saine et sauve - elle ne présentait aucune blessure apparente -, sa disparition ne pouvait être que l'artifice d'une famille compromise par son passé avec les rouges. Et à mesure que cette certitude grandissait en lui, une autre s'imposait, plus forte encore, qui l'obligeait à déployer toute la froideur et l'esprit de calcul dont il était capable. »

Nous passons d'un personnage à l'autre, des policiers de la Garde civile aux parents, du frère de Tecla à sa sœur, de ses anciennes amies à son ancien petit-ami, l'était-il vraiment ?

Nous retrouvons aussi le portrait d'une famille espagnole comme Mercedes l'a déjà si bien fait : « Une fois le mariage célébré, Gonzalo Montero n'avait rien caché à Rocio Ortiz, sa femme. Les Ortiz avaient eu du mal à donner leur bénédiction à ces noces si mal venues. Le prétendant n'était pas de leur monde, ils l'avaient tout de suite deviné à cause de son silence sur sa famille. Et plus tard, la date du mariage fixée, aux excuses que celui-ci avait émises pour justifier l'absence de ses parents lors d'une célébration aussi remarquée. »

Un roman qui mène nos réflexions sur des pistes passionnantes. Est-il possible de retrouver une ancienne vie ? La vie peut-elle reprendre après onze ans d'absence sans explication ? Comment réagit-on quand on est propulsé dans son passé ?

L'écriture de Mercedes Deambrosis est juste au mot près pour dire le silence, l'absence, la douleur muette.

Brigitte Aubonnet 
(09/04/14)    



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Éditions des Busclats

(Avril 2014)
204 pages - 15 €






Mercedes Deambrosis,
née à Madrid en 1955, nouvelliste et romancière, signe ici son onzième livre.



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