Nous voyageons dans le temps, de 1939 à 1987, et dans l’espace en passant par Paris, Varsovie, Angers, Spandau, Guéret… dans le dernier roman de Mercedes Deambrosis qui a donné vie à de multiples personnages où l’Histoire télescope et bouleverse les histoires personnelles.

La guerre est en toile de fond avec ses horreurs, ses bassesses, ses solidarités. Les êtres vont exprimer leur humanité et leur cruauté dans un mélange complexe. Comment se partagent les responsabilités en temps de conflit, comment s’établissent les complicités, comment les êtres les plus vils vont profiter de ces périodes troubles ?

Le temps n’efface pas la culpabilité et le passé. Les personnages vont chacun à leur manière s’arranger avec leurs bonheurs et leurs démons mais le bilan d’une vie est parfois compliqué à établir.

La structure très éclatée nous entraîne d’un lieu à un autre, d’une époque à une autre, d’un personnage à un autre que nous retrouvons au fil des chapitres qui s’alternent. Nous suivons aussi un serial-killer qui va utiliser plusieurs identités tout au long de sa vie pour perpétrer ses crimes. Bien après la fin de la guerre, un commissaire va tenter de retrouver le cheminement de ce criminel.

Mercedes Deambrosis poursuit son chemin littéraire en explorant, tel un médecin légiste, l’intérieur des hommes où sont enfouis les sentiments les plus beaux ainsi que les pulsions les plus viles. Dans La promenade des délices, Mercedes Deambrosis montrait comment chacun avait pu vivre la Guerre d’Espagne qui apparaît aussi dans ce roman où la Deuxième Guerre mondiale avec la terrible extermination des juifs est la toile où se peignent de multiples destins : « – Et, bien sûr, ces personnes doivent figurer sur la liste "des non-déportables", et présenter un certificat de non-appartenance à la race juive, émis par le Commissariat général aux questions juives de notre ami Darquier de Pellepoix. Il tord la bouche en une affreuse expression de mépris. Au mieux des demi-juifs, les autres, je verrai au cas par cas. »

Juste pour le plaisir est un roman fort où la mosaïque des chapitres construit peu à peu un univers rude et passionnant.

Brigitte Aubonnet 
(15/02/09)