Alain ABSIRE, Jean S.



Plus qu’un roman ou une biographie, une rencontre avec un personnage théâtral, un être humain fascinant de fragilité et de force, voilà ce que nous propose Alain Absire au fil des 584 pages de Jean S.
Cette actrice, Jean Seberg, qui a joué dans trente-sept films, a failli brûler vive dans son premier film « Jeanne d’Arc » d’Otto Preminger, a été anorexique et boulimique, a été heureuse et désespérée, s’est mariée quatre fois, a épousé et vécu avec Romain Gary...

Suicidaire, elle est morte « suicidée ». Les conditions de sa mort n’ont jamais été élucidées. En raison de son engagement aux côtés des Black Panthers, elle a reçu de nombreuses menaces de mort. Les autorités américaines et le FBI la considéraient comme une ennemie dangereuse. Elle, qui tout au long de sa vie a été généreuse envers les êtres et les causes qui lui semblaient justes, a eu du mal à comprendre la haine qu’elle avait pu susciter auprès de l’état américain.

Nous la suivons sur le tournage de Bonjour Tristesse, de A bout de souffle, au moment de sa rencontre avec Romain Gary, André Malraux…
Alternent des mots et des pensées de Jean Seberg jetés sur le papier, des extraits d’articles de journaux, des scénarii, des lettres échangées entre l'actrice et ses parents, des impressions, le foisonnement des sentiments…

L’écriture romanesque d’Alain Absire nous emporte dans un tourbillon haletant au cœur de la complexité d’une femme que « la presse féminine présenta comme le modèle de la femme libérée, maîtresse de ses désirs au jour le jour et des sentiments qu’elle éprouvait. Elle seule savait que telle n’était pas la vérité. »

Deux fois mère – d’un fils né de sa liaison avec l’écrivain Romain Gary ; d’une fille morte quarante-huit heures après sa naissance et dont le père était un Indien mexicain –, Jean Seberg n’en finit pas de se chercher, de chercher un sens à sa vie. L’alcool, le tabac, les médicaments, l’hôpital, l’angoisse, le désespoir s’entremêlent avec des moments de grâce et de bonheur fou. Etre aimée pour être rassurée, une quête qui ne l’a jamais quittée.

Alain Absire, grâce à la construction éclatée de ce texte, restitue la mosaïque que fut la vie de Jean Seberg. Il donne voix à cette actrice mythique après avoir évoqué, de manières très diverses, Alejo Carpentier, Chett Beker dans L’enfant lune ou Molière dans Baptiste ou la Dernière saison.
Romancier, nouvelliste, essayiste, Alain Absire sait nous mener avec intelligence et délicatesse dans la profondeur des êtres, qu’ils soient de fiction ou de réalité.

Brigitte Aubonnet 



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Editions Fayard
584 pages - 22 €



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