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Le premier chapitre du livre est chargé de sensualité pour évoquer
la rencontre entre le narrateur et Que Tal, le chat. Une relation d'amour s'établit
entre eux deux, nous suivons cette évolution. La présence féline
devient essentielle mais permet à son maître de se consacrer à l'écriture
même s'il ne peut vivre aussi librement ses rencontres amoureuses et sexuelles
car le chat est omniprésent ce que ne supporteraient pas ses amants.
Beaucoup d'émotion se dégage de ce texte qui est un cri de vie
et de désespoir, un cri pour clamer que l'écriture est le socle
de l'existence : "J'essaierai d'écrire les autres, les comme
moi, et les étrangers, tout ce marécage humain, toutes ces pépites
d'or dans la boue, j'écrirai sur ceux qui m'ont ému, qui m'ont
un moment ravi à moi-même, j'écrirai sur ceux qui peuvent
encore m'émouvoir, encore, j'aime bien ce petit mot." Que Tal est l'incarnation des tous les amours, de tous les morts
et les absents où se cristallisent les passions, les souvenirs du narrateur.
Une force se déploie dans l'écriture pour crier que nous sommes
tous mortels et que l'amour est plus fort que tout. La solitude se peuple de
tous ceux que nous avons aimés : "J'ai aimé des hommes,
mais si mal, si furtivement, j'aime mes morts, mais c'est facile d'aimer des
morts, c'est facile de ressusciter ceux qui vous ont engendré, il suffit
d'avoir des mots, de construire une phrase, il suffit de savoir construire une
histoire, de rassembler des souvenirs, mais il y en a peu des souvenirs qui
parviennent à vous déchirer de part en part, à vous donner
une voix." La vie, la mort hantent ce texte. Le retour sur le passé, sur la disparition
des parents, renvoie au questionnement de qui nous sommes, qui étaient
ceux qui sont partis et comment se tisse l'écheveau de la vie entre bonheur
et peine : "Mon petit cur en éponge ne s'épuise
pas de les aimer, bêta et immense petit cur, il bat pour un paysage,
pour un animal, il me tient chaud, il sait battre, il me donne force, je suis
grâce à lui quelqu'un saturé d'animalité, voilà
ma nuit intérieure. Un texte époustouflant et très poignant : "Je suis devenu
écrivain, parce que délivré du regard parental. Je suis
devenu écrivain avec ange gardien. Que Tal se vautrait royalement sur
mon bureau, tandis que sous ma plume naissaient tant bien que mal des personnages.
Il rêvait. Lorsque je butais sur un des personnages, parce qu'il perdait
chair et voix, qu'il était mensonge sans éclat ou vérité
négligeable, je posais instantanément mon stylo et m'abandonnais
à la contemplation de ma splendeur, de l'animal de neige. Sa beauté
apaisait mes inquiétudes, balayait mon découragement. Brigitte Aubonnet |
Sommaire Lectures Phébus (Janvier 2013) 96 pages - 10 € Daniel Arsand Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : Des chevaux noirs Alberto Des amants Un certain mois d'avril à Adana |
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