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Michèle CAVALLERI


Les silencieux



Il ne guérissait pas d'être orphelin… Sa bonne volonté à exister le moins possible… Une idée assez forte pour vous empêcher de souffrir… Les rêves blessés de la vie… Voilà quelques expressions qui donnent une première idée de ce recueil où les rêves ont beaucoup d'importance, pour s'inventer une autre existence ou un autre passé face aux blessures de la vie. Pour supporter, oublier, effacer les douleurs de l'enfance, les accidents d'une histoire personnelle chaotique, les personnages inventent, racontent, se racontent, enjolivent, comme un baume sur une plaie, comme un masque souriant sur un visage en larmes.
S'il est question de drames du passé dans ces nouvelles, ce n'est pas seulement avec tristesse mais toujours avec un sourire bienveillant, une douce nostalgie, une immense tendresse.

Dans ses nouvelles, comme dans ses romans, Michèle Cavalleri met en scène des personnages attachants, étonnants, atypiques, dont on garde longtemps l'image en soi une fois le livre refermé.

Le père La Violette, un ancien coiffeur devenu fou à la suite d'un incendie qui aurait anéanti sa petite boutique, est devenu vagabond et s'invite chaque année quelques jours dans les mêmes maisons. "Étrange bonhomme qui eut tant d'importance dans mon enfance et fut mon premier maître à rêver. Car il racontait, cet homme ! Il venait d'Ailleurs. Il disait que le monde est une étoffe sans cesse ravaudée qui redeviendra comme neuve à force d'usure et de rapiècements."

La petite Capucine est confiée aux soins plutôt rudes de Martine parce que Natacha, sa mère, est si légère et frivole qu'il n'y a pas de place pour un enfant dans sa vie. La fillette, qui ne peut voir sa mère qu'un week-end toutes les trois semaines, trouve un moyen d'échapper aux exigences des adultes : "Tout le monde existera, mais moi, je n'existerai pas, ou plutôt je n'existerai que lorsque cela me fera plaisir."

On rencontre aussi le Vieux Doll, marchand de farces et attrapes ; un enfant du pays minier qui rêve de devenir porion ; Louise dont le mari buvait trop mais qu'elle s'efforce de présenter comme un héros de la guerre ; une petite fille bossue confiée à une nourrice faute de parents disponibles : "La vie pour eux se construisait comme un paquebot de croisière qui devait être solide, élégant… et durer. Ils avaient oublié l'espace où faire grandir un enfant." Et puis Anastasia, Astrid et tous les autres…

Un recueil de onze nouvelles qu'on lit avec délice, porté par l'écriture tendre et ciselée de Michèle Cavalleri, un auteur dont chaque ouvrage est un grand bonheur de lecture.

Serge Cabrol 
(27/05/12)    



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Lectures









Le bruit des autres

160 pages - 16 €




Michèle Cavalleri
a publié en 1953
un recueil, Le Cœur et l'Écorce (éditions Seghers), et, depuis, n'a jamais cessé d'écrire. Trois romans ont paru aux éditions Le bruit des autres entre 2005 et 2008.


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