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Laurent GAUDÉ

Grand Menteur
Trois monologues


Grand Menteur, La Mariée Gare Centrale, Fille Fiston sont trois monologues sur l’identité, l’errance, l’être au monde, la vie impatiente de courir après la vie.

Le rythme est essentiel dans ces trois textes portés par un souffle qui se clame ou se murmure. Ils nous interrogent, nous sont adressés.

Le premier pourrait représenter l’image du père qui ment sans cesse. Il fait le point sur sa vie à la veille de sa mort. Le deuxième texte est celui de la mère qui a une longue phrase à dire sur sa vie ratée qui s’emplit des bruits d’une gare et le dernier celui de l’enfant, à la fois fille et fils, issu de ses parents avec toutes les interrogations de la vie et la recherche primordiale de l’amour.

La syntaxe triturée accentue cette quête essentielle de chaque être humain.

« De grands mensonges.
Je te le dis à toi, j'devrais pas.
Jamais dit à personne,
Depuis toute la vie que j'trimballe,
D'aussi loin que je me souvienne,
Je suis homme de grands mensonges.
Tu diras-tu rien ?
Bouche motus cousue. »

« Je suis née là,
Dans le hall.
Je suis mariée à la foule,
Au bruit des pas et aux annonces de trains.
La Mariée Gare Centrale,
Tout me remplit et c'est bien.
Je suis la femme avec tous ses sacs au bout
des bras,
Qu'attend qu'advienne ce qu'elle a pas prévu
Et je jure que je suivrai ce qui vient d'un
coup. »

« Par la Grande Roue, le Hasard et les Saintes Clefs,
Je suis né.
Tout fouillis comme tu vois,
Parce qu'il y a trop en moi.
Les mensonges pêle-mêle du père
Qui ont besoin de place,
La longue phrase de la mère
Qui remplit la tête,
Et tous les autres mots,
Ceux entendus rapportés, tombés à mes
pieds dans le hall de la gare,
Qui m'ont chargé rempli,
Donné corps et bagages. »

Que faisons-nous de notre vie, entre naissance et mort ? Comment exister, aimer et trouver sa place dans le monde ?

Ce sont des textes à dire, à écouter, à vivre en se laissant porter par la langue et l’univers de Laurent Gaudé qui exprime dans son théâtre la complexité des êtres.

« Chacun de ces trois monologues, précise Laurent Gaudé, a été écrit comme un objet autonome. Mais ils peuvent aussi être pris comme un triptyque, celui de la Sainte Famille Bancale, Foutraque, Cul par-dessus tête. Le triptyque de la langue accidentée, tordue, inventive qui lance défi à la petitesse du quotidien. »

Brigitte Aubonnet 
(11/05/22)   



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Théâtre











Actes Sud - Papiers

(Février 2022)
96 pages - 11 €

Version numérique
8,49 €








Laurent Gaudé

Bio-bibliographie
sur le site de l'auteur:
www.laurent-gaude.com




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