Il nous fait part de son admiration devant la beauté et l’intelligence du renard, et de sa colère de le voir injustement chassé.

Devant le spectacle des effraies, il est « subjugué par leurs vols à la fois lents et rapides, circulaires et silencieux, comme des faux de velours blanc faisant moisson de la nuit. […] ce vol m’introduisait en même temps en moi dans un lieu inexploré… »

La fenaison réveille en lui des sensations fortes faites de chaleur, d’odeurs, d’ombre et de lumière, de femmes hâlées, d’eau glacée, de faux qu’on affûte, de crissement d’herbe qui se couche.

Un beau portrait de guérisseur « les mains de menthe » pour qui « guérir est une ascèse. Une abstinence. Il vit comme un anachorète. » Quand il soigne les furoncles des chevaux, « il touche chaque furoncle et les furoncles tombent comme des nœuds de bois. Il soigne les douleurs aiguës qui s’enracinent dans la chair en plantant des clous dans l’écorce des arbres »

Dans la « Civilisation du vin, de l’olive et de la figue » de fortes sensations gustatives, colorées et sensuelles nous régalent.

Après une nuit passée sur le plateau du Larzac dans une grangette de transhumance, il ressent une complicité avec ce lieu. « La solitude où l’on parle avec soi-même, n’est plus une solitude, mais un mélange d’herbe, de chênes verts, de câpriers sous les assauts du vent. »

Dans les Pyrénées-Orientales, il croque avec talent un personnage qui semble sortir d’un roman de Victor Hugo, une Esméralda plus âgée, « sèche, svelte, sautillante, fine, avec une allure caprine et capricante, et des yeux de nuit sauvage.  Elle parle d’une voix rapide et vive comme l’eau des sources montagnardes. »

Ses réflexions sur la littérature sont parfois sévères. Il faut que l’écrivain « parte de ses paysages », soit enraciné. « Leur littérature est universelle parce qu’issue d’un lieu, intemporelle parce qu’inscrite dans l’instant, planétaire parce qu’appartenant profondément à un point de la planète. »

« Écrire est un acte sacré. Dans la lenteur et l’allégresse, l’on tente de cristalliser les courants qui confluent à la croisée du corps. L’on tente de fixer des formes momentanées l’éternelle fluctuance. »

Nadine Dutier 
(02/05/22)    

Le temps qu'il fait

Jean-Pierre Otte,
né en Belgique en 1949, installé dans le Lot depuis 1984, est l’auteur d’une trentaine de livres.