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Quand nous refermons le livre de Valentine Goby, nous n’avons qu’une envie : aller lire les écrits de Charlotte Delbo qui « lutte contre l’impuissance de la langue ». Revenue du camp d’Auschwitz, Charlotte Delbo sera chargée d’une mission : écrire pour dire et lutter contre l’oubli de toutes ces femmes qui ont terriblement souffert et pour la plupart sont mortes. Mourir était souvent vécu comme une délivrance face aux horreurs vécues au quotidien car vivre demandait une volonté et une force extraordinaire pour ne pas « lâcher ». La lecture et l’écriture jouent un rôle essentiel pour se reconstruire ce qui est compliqué car après Auschwitz, Charlotte Delbo ne se sentait pas libre mais occupée de cauchemars et « écrire c’est probablement rouvrir la blessure ». Charlotte Delbo n’est pas bien comprise, son point de vue dérangeait car elle refusait de se vivre comme victime. Lors d’un entretien avec Jacques Chancel celui-ci lui a dit : « Vous vous seriez passée de cette expérience, Charlotte Delbo, mais peut-être êtes-vous devenue une autre femme, êtes-vous devenue meilleure… » Mais, pour Charlotte Delbo, « La déportation est une perte sèche ». Valentine Goby parle des textes de Charlotte Delbo qu’elle a pu lire en bibliothèque. Le lien à la création et à littérature est très intéressant en parlant du rôle des blancs sur la page : « Le blanc est de l’écriture, où se rencontrent Auschwitz et nos propres effrois. » Valentine Goby évoque le questionnement qui peut hanter après un traumatisme si terrible : se taire ou accepter de s’exprimer grâce à la littérature. Valentine Goby est persuadée que Charlotte Delbo est « un témoin qui se double d’un écrivain». Elle a cependant eu du mal à faire publier ses écrits. La présentation de Charlotte Delbo va bien au-delà d’une biographie. Ce texte de Valentine Goby est une réflexion passionnante sur le rôle de la lecture, de l’écriture, du témoignage et de la création littéraire. Valentine Goby parle aussi de son travail personnel de lecture, de recherche et d’écriture pour l’élaboration de ce superbe texte. Après l’écriture de Kinderzimmer, ce texte montre à quel point, malgré l’horreur, l’espoir existe encore et que l’écriture permet « d’éclatantes revanches ». Brigitte Aubonnet |
Sommaire Lectures L'Iconoclaste (Août 2017) 192 pages – 17 € Babel / Actes Sud (Mai 2019) 144 pages – 6,90 €
Wikipédia Découvrir sur notre site le précédent livre de Valentine Goby : Un paquebot dans les arbres |
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