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Valentine GOBY


Un paquebot dans les arbres


C’est un très beau roman qui évoque un sujet douloureux, la tuberculose dans les années 50.
Nous suivons Mathilde Blanc dont les deux parents vont être hospitalisés dans le sanatorium d’Aincourt. Elle a une sœur ainée, Annie, qui va partir assez vite de la maison car elle se marie. Mathilde et son frère Jacques, tous deux mineurs, seront placés en familles d’accueil dans deux villes différentes.
À dix-huit ans, Mathilde sera émancipée. Elle va se sentir responsable de toute la famille ce qui sera bien lourd pour elle.

Le roman est centré sur cette famille Blanc mais aborde aussi les évènements et les problématiques qui ont affecté cette époque. La fin est d’ailleurs magnifiquement construite.
On découvre toutes les solidarités et les rejets qui existent. Les élèves de la classe la fuient sauf Jeanne : «Mathilde prend les mains de Jeanne, la simplette de La Roche qui s’est assise à côté d’elle à l’école communale, quand les élèves fuyaient la fille du tubard. Mathilde croyait que Jeanne resterait une enfant mais non, et même, elle a des seins. »

Cela rappelle aussi ce que certains ont oublié comme l’importance et le rôle de la Sécurité sociale : «Le dispensaire de Mantes c’est gratuit, les radios on ne paye pas, c’est gratuit de savoir que tu es malade mais pas gratuit de se soigner […] ni pour lui, la Sécurité sociale, ni pour Odile, commerçante, épicière, vendeuse ambulante, éleveuse de souris, professions indépendantes ils disent, débrouille-toi comme tu peux, le rêve c’est pour les salariés. A l’automne prochain, Mathilde lira le montant inscrit dans la petite case sur sa fiche de paie, le chiffre qui aurait changé leur vie, la grande conquête du Conseil national de la Résistance comme elle l’apprendra un jour. »

Mathilde est un superbe personnage qui va se battre tout au long du roman pour survivre, pour assumer ce qui, en principe, revient aux adultes. Elle se rebelle contre les institutions ce qui jouera un rôle essentiel pour elle mais aussi pour sa famille.

C’est un très beau texte, témoin de son époque. Comment la misère peut toucher une famille dès que la maladie arrive, comment les services sociaux se déchargent de leurs responsabilités…

La violence prendra différentes formes, l’amour filial aussi. C’est aussi une très belle leçon d’amour car ses parents vivront de beaux moments ensemble au sanatorium : «Elle n’a jamais tant eu Paulot à elle que depuis Aincourt. Jamais été si libre de l’aimer, ils n’ont rien à faire que dormir, se soigner, s’aimer. »

Mathilde reviendra le 1er juillet 2012, cinquante ans jour pour jour après la mort de son père, sur le lieu du sanatorium. C’est un moment très émouvant que nous partageons avec elle quand tous ses souvenirs  la submergent.

L’écriture de Valentine Goby allie très bien l’émotion, la douceur, le drame, la révolte pour créer un roman riche de malheurs et de joies, un paquebot empli de vie.

Brigitte Aubonnet 
(29/08/16)    



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Actes Sud
(Août 2016)
272 pages – 19,80 €





Valentine Goby,
née à Grasse en 1974.
a déjà écrit près d'une quarantaine de livres,
pour les adultes et pour la jeunesse, et obtenu plusieurs prix littéraires.

Bio-bibliographie sur
Wikipédia


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