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Jean-Bernard POUY Maurice Lenoir est un cinquantenaire paisible. Après "avoir pas mal travaillé" et atteint d'un lumbago chronique, il vit tranquillement sa préretraite dans un village de la Creuse. "C'est difficile au début, c'est ardu de remplir sa journée quand on n'est pas obligé de pointer. Le travail obligatoire empêche l'homme de se poser des questions. Ne pas travailler est un vrai taf pour qui n'est pas prévenu. Après on s'habitue. Le loisir devient roi." Installé dans une maison frustre et isolée prêtée par un ami parti finir sa vie au soleil, il mène une vie simple mais peinarde grâce au RSA qu'il récupère tous les mois et aux légumes qu'il cultive dans son bout de jardin. Son quotidien est rythmé par le café du matin, le jardinage et la lecture de Pierrot mon ami de Queneau en édition de la Pléiade. Son seul contact avec le monde consiste en visites aux commerçants de la localité la plus proche, en discussions météorologiques au comptoir du rade et en "apéros-guignolet" pris avec les Kowa, ses voisins. Tout irait pour le mieux donc si, en ce samedi 14, il ne s'était retrouvé face à des CRS venus envahir son territoire, sous prétexte de protection rapprochée du couple de petits vieux d'à côté, dont le fils vient d'être nommé ministre de l'intérieur. Évidemment les pieds de chanvre cultivés dans son potager n'arrangent pas ses affaires et, trop heureux de l'occasion de pouvoir s'installer là pour effectuer plus confortablement leur travail de surveillance, les flics en profitent pour l'embarquer au frais. Le voilà vite coffré et confié au bon soin d'un gendarme qui, tout à son impatience d'assister à la diffusion d'un match de foot, oublie de fermer la porte de la cellule... L'aubaine est trop belle et notre homme décide de s'évader pour rentrer gentiment chez lui. Là, il retrouve les flics et leur chef Dormeaux, agent de la DCRI (ex-Renseignements Généraux) et négocie son silence sur cette incroyable négligence qui s'apparente à une faute professionnelle contre le droit de demeurer dans sa maison. La vie commune s'organise donc mais la présence policière pourrit vite le quotidien de cet anarchiste misanthrope et amoureux de sa liberté. Un petit matin, il décide donc de s'éclipser discrètement,
bien décidé à pourrir la vie de ce ministre qui a foutu
en l'air ses jours tranquilles. Pour brouiller les pistes, il sillonne le pays,
toujours en train, du sud au nord, de l'est à l'ouest en passant par
le centre puis revenant au nord, passant parfois, pour peu de temps, la frontière
suisse ou italienne, puis repassant par Paris puisque "saloperie de
jacobinisme, la toile d'araignée ferroviaire ramène invariablement
au centre". Les vieux réflexes reviennent vite et l'ancien activiste profite des divers plans de survie préparés lors de cette dangereuse phase de sa vie pour récupérer dans diverses caches, de l'argent, des papiers et une arme, lui permettant de passer inaperçu. Pendant ce temps, la DCRI qui estime "qu'il ne va pas se relancer dans des actions violentes ou subversives mais va simplement tenter de nous emmerder un maximum", et plus particulièrement la commandante Yvonne Berthier chargée du dossier, tente de le pister. En effet, Maxime qui n'est pas de ceux qu'on dérange impunément, fera tout pour régler son compte à ce petit ministre venu déranger sa tranquillité. Pendant que Dormeaux est expédié au placard par Berthier dans une charmante commune côtière de Vendée - le vendredi 13 avait fait son travail de sape. [...] Une couche supplémentaire de noir sur l'obscurité générale. Un vrai Soulages -, Maxime (devenu Patrick) coule des jours agréables dans la baie de Naples, à l'ombre du Stromboli, où il lie connaissance avec une jeune Française venue trouver là le repos. L'occasion d'une relation amoureuse éphémère, peut-être moins romantique qu'il n'y paraît à première vue... Si la presse apprécie fort les photos de voyage fournies par le fugitif, la chef Berthier, elle, est ivre de colère. C'est qu'on s'impatiente en haut lieu devant l'incompétence de la police et les facéties de ce trublion qui n'en rate pas une pour ridiculiser les forces publiques et compromettre le jeune ministre de l'intérieur adepte de la tolérance zéro et de la politique répressive avec de malencontreuses révélations de malversations financières ou d'alcôve. Bref, notre anarchiste taquin fout le bordel et Dormeaux qui avait, en son temps, eu en charge la surveillance du groupe d'activistes, est rappelé de toute urgence par sa chef pour régler cette affaire au plus vite. Entreprise d'autant plus difficile que l'homme paraît bénéficier d'improbables complicités au sein de la grande maison... "Le lendemain du vendredi 13 novembre [...] le ministre de l'intérieur,
Stanislas Favard, [
avait présenté] sa démission
au premier ministre qui, visiblement soulagé, l'avait acceptée
séance tenante. C'était, d'après les dires du démissionnaire,
pour éviter une déstabilisation de notre chère république,
une et indivisible, mais toujours très fragile. Bref, il se sacrifiait.
Pour, sans doute, rejoindre immédiatement un de ces cabinets de gestionnaires
internationaux qui, eux, travaillent vraiment pour notre beau pays. Avec en
plus, un salaire bien plus conséquent, c'est connu." Le facétieux Jean-Bernard Pouy, à l'image de son personnage,
nous offre ici un road-movie décalé, impertinent et drôle
qui fourmille de clins d'il à l'actualité politique récente.
L'auteur ne s'encombre pas de psychologie mais laisse les personnages se dessiner
d'eux-mêmes par leurs paroles et leurs actes. Il entoure son antihéros
vieillissant et misanthrope d'une galerie de portraits savoureux et jubilatoires.
Les gentils ne sont pas tous aussi gentils qu'ils le paraissent, les méchants
pas aussi redoutables qu'ils le voudraient et tout ce beau monde se croise et
se décroise à l'envi, à un rythme enlevé, avec des
faux airs de tragicomédie. Maxime, lui, est un bougon revenu de tout
et prompt à la critique sociale et politique, un empêcheur de tourner
en rond dont on devine, cachés au plus profond, l'idéal, la désillusion,
la droiture et la générosité. Cet anarchiste haut en couleurs,
ce terroriste à la retraite, décalé, atypique, plus provocateur
que violent, esthète et sentimental à ses heures, est finalement
plutôt sympathique. Comment un homme qui n'hésite pas à
citer Queneau en de multiples et diverses circonstances, pourrait-il ne pas
finir par nous séduire ? Mais bien que brillant, l'exercice de style sait se faire oublier pour emporter
avec truculence et drôlerie le lecteur au fil du récit au ton plus
ludique qu'angoissé. Dominique Baillon-Lalande (17/12/11) |
Sommaire Noir & polar ![]() Editions La Branche Vendredi 13 175 pages - 15 €
Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : Le rouge et le vert La farce du destin Train perdu wagon mort La récup' Bio-bibliographie sur Wikipédia PRÉSENTATION DE LA COLLECTION VENDREDI 13 par Alain Guesnier, éditeur La collection VENDREDI 13 s'inscrit dans la même démarche éditoriale que l'aventure SUITE NOIRE. Elle repose sur la même synergie créée entre les Éditions La Branche et la société de production Agora Films. Inscrite dans une économie globale, édition littéraire / site internet / production audiovisuelle, elle fait appel aux diffusions et financements de ces 3 médias. Une collection de livres, volontairement limitée à 13 romans originaux et contemporains. 13 uvres littéraires fortes et résolument personnelles, intégrant, pour mieux s'en libérer, un cahier des charges commun. Une collection de 13 films d'auteur adaptés des romans. Chacun des films sera le fruit du coup de cur d'un auteur-réalisateur pour l'un des romans. L'adaptation se fera sous son autorité. Patrick Raynal, directeur de collection des romans, participera au comité éditorial chargé de suivre les 13 adaptations, de veiller à leur qualité et au respect de l'esprit de l'uvre originale. |
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