Roman de science-fiction mais aussi roman d’aventures et roman d’amour, Scarrels nous entraîne à Régency, une ville où l’on ne vit que la nuit, sous la surveillance des faucons.
Luc, le narrateur, y habite avec ses parents et la vie n’est pas très gaie entre une mère qui passe son temps à pianoter sur son Nimax et un père souvent violent qui ne quitte pas des yeux une boîte à images en panne. Ses frères aînés ont quitté la maison. L’un est devenu une épave alcoolique et l’autre un Féodé Noir assurant la sécurité de la zone privilégiée.
Parce que la ville n’est pas la même pour tous. Il y a la périphérie où réside Luc et le centre, la vieille ville, appelée aussi la Cité, avec des zones privilégiées comme le bloc B où on ne doit ni courir ni crier pour respecter le calme des résidents.

Luc fait partie d’une bande qui se retrouve régulièrement dans une cellule du Centre Pénitencier aujourd’hui désaffecté et à moitié en ruines. Il y a trois autres garçons – Abel, Tommy et Steve – et deux filles : Jona, le grand amour de Luc, et Karen, qui a un statut particulier. Karen est une Perle, c’est-à-dire une fille orpheline, qui vit au Centre Pénitencier sous la responsabilité des Zivkovic, une famille financée par l’Etat qui aurait dix mille Perles dans toute la ville. Karen a le droit de posséder une poupée Notoy, modèle réduit vivant d’adolescente qui parle et se conduit comme une fille de son âge mais ne quitte pas les bras de Karen.
On ignore d'où viennent les poupées NoToy, où elles sont fabriquées. Un jour on s'était pointés dans la cellule et Tina était là, sur les genoux de Karen, avec sa petite valise remplie de costumes. Karen avait le visage illuminé de fierté et de joie. Certains prétendent que chaque Perle a sa poupée NoToy qui lui est destinée. L'une et l'autre naissent en même temps, c'est automatique. Elles meurent en même temps.

En alternance avec le récit, on trouve les rêves de Luc qui, en général, mettent en scène Jona dont il est très amoureux.

A Régency, on n’aime pas les animaux. Les enfants font la chasse aux chats qu’ils torturent et tuent par tous les moyens possibles. Il n’y a que deux espèces autorisées, les faucons au service du Central, et les scarrels, des escargots translucides, "gros comme trois fois le poing", avec des antennes de vingt centimètres, et qui laissent dans leur sillage des longues traînées de bave d’un bleu phosphorescent.
Les scarrels sont de plus en plus nombreux et Luc, dans le premier chapitre, en rencontre sur son chemin un groupe d’une trentaine qu’il extermine rageusement à coups de pieds.

Ce soir-là, une phrase énigmatique a été peinte d’une main maladroite sur le mur du pénitencier : Homme libres de Régency, vous n’avez jamais quitté ces lieux. Que peut-elle bien signifier ?
Dans la cellule où est réunie la petite bande, c’est Tommy qui prend la parole pour demander aux autres de répéter et d’apprendre par cœur la phrase écrite sur le mur. C’est un jeu, dit-il. La phrase va disparaître mais il ne faudra pas l’oublier de même que les suivantes qui apparaîtront à leur tour. Mais d’où sait-il tout ça ? Du Nimax où il pianote aussi souvent que la mère de Luc ? Ce dernier comprend qu’il ne s’agit pas d’un jeu mais il obéit à Tommy.

Page 230, on aborde la deuxième partie intitulée Little Bang.
La mémoire chargée de toutes les phrases apprises par cœur, la petite bande qui se sent espionnée et menacée par les faucons quitte le pénitencier pour une destination inconnue.
Quand Tommy parlait d'un endroit pour se planquer, j'imaginais quelque chose de petit et de sombre, un trou à rats, une des caves parallèles sous le Stadium, peut-être un des anciens endrômes désaffectés au fin fond de la Zone Ouest. J'imaginais n'importe quoi sauf ça.
La tour du FKE.
Il n'y avait que deux possibilités : soit Tommy était devenu complètement cinglé, soit il avait changé de camp.
Les jeunes rebelles pénètrent au cœur même du système, dans la tour du Central…
Pourquoi leur ami les amène-t-il là ? Doivent-ils encore lui faire confiance ?

L’aventure continue et les rebondissements s’enchaînent.
L’amour de Luc pour Jona va être mis à dure épreuve et on se demande à tout moment comment va se terminer cette histoire.

Un suspense bien construit pour un livre original qui devrait enchanter les ados curieux et amateurs d’émotions fortes, dans un monde à la fois différent et proche du nôtre par bien des aspects.

Serge Cabrol 
(30/08/08)