Hugo MARSAN

Les jours heureux
Pièce en 1 acte et 7 scènes



Un homme enfermé, en prison ? à l’hôpital ? dans sa tête ? dans ses souvenirs et sa mémoire ? nous ne le savons pas, nous ne le saurons pas mais l’essentiel n’est pas là. Les jours heureux est une superbe pièce sur l’amour absolu entre deux êtres.

Le prisonnier se remémore en boucle le sentiment fusionnel qu’il a porté à un homme beaucoup plus jeune que lui. Il parle de son passé à un visiteur qui vient le voir chaque soir. Le prisonnier dit avoir tué pour défendre cet amour unique qui le liait à son compagnon plus jeune et que tous leur ont jalousé. Il dit avoir tué l’homme qui voulait briser cet amour mais est-il vraiment passé à l’acte ou est-ce seulement un meurtre symbolique ? Se construit-il ses propres souvenirs, sa propre mémoire, reconstruit-il sa propre réalité ?

Hugo Marsan dont les précédents ouvrages, romans ou recueil de nouvelles, ont exploré divers méandres de la mémoire nous embarque dans une douloureuse et merveilleuse interrogation sur l’amour, la vie, la vieillesse, le temps qui passe, des thèmes omniprésents dans sa création littéraire. Les jours heureux est une pièce de théâtre troublante et particulièrement sensible : « En vérité, je ne vous parle pas. Je m'entends vous parler. Face à vous, je réinvente les jours heureux. Les jours gris où lui et moi avons désiré un autre rêve, je les élimine. Nous n'étions pas à l'abri de ce qui pollue l'amour : la pulsion du renouveau, le goût d'un autre voyage, l'envie de briser le cocon... Oui, nous avons connu, nous aussi, ces décalages, ces intervalles de pénombre. Je le sais depuis toujours. Mais, jusqu'à ce matin, si je scrutais notre passé, seul le bonheur entrait dans la lumière. Les jours heureux s'emboîtaient les uns dans les autres, supprimant les vides. Je le voulais ainsi : une fusion permanente... Aujourd'hui — il y a si longtemps que je l'ai perdu... physiquement perdu... oui, physiquement... — son image se dilue, les traits de son visage s'estompent, je perds l'odeur de son corps, sa peau s'effiloche. Sa silhouette chancelle, il ne se retourne pas, je suis Orphée sans sa lyre. (Rires) Je suis le veuf inconsolable (Rires). Alors, je me raconte une histoire... Je finirai par ne plus vous la raconter. »

Une très belle préface nous introduit dans l’univers de cette pièce et nous montre comment Claude Pujade-Renaud a perçu différemment les deux personnages lors de deux lectures en public.

Un texte qui révèlera sa puissance une fois mis en scène et joué mais qui déjà, à la lecture, exprime toute sa force.

Brigitte Aubonnet 
(27/07/06)      



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Théâtre








98 pages, 10 €

Préface de
Claude Pujade-Renaud

Editions du Club Zéro
130, bd du Montparnasse
75014 Paris




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