Ce livre, écrit à Kyoto à la faveur d’une résidence à la villa Kujoyama, a tout pour satisfaire les amateurs de culture japonaise, de philosophie zen, de nature, de solitude, de calme, de silence…

Imaginez un lac. « C'est un lac entouré de bambous et de montagnes. Un lac englouti. On ne peut pas savoir qu'il est là avant d'avoir franchi les bambous ou monté la montagne pour le voir par en haut. Mais il est là. À le voir on ne peut plus en douter. Il occupe toute l'étendue d'un bord à l'autre, né de l'effondrement d'un volcan. Un lac vieux de millions d'années. »

Sur ce lac, il y a une île et sur l’île il y a une maison avec un ponton et une barque.

Un homme habite cette maison. C’est lui que nous accompagnons dans ses gestes quotidiens, ses pensées, ses plaisirs, ses efforts. Il vit seul, sans même un animal pour lui tenir compagnie. Il aime le soleil, le vent et la pluie, il nage, il pêche…

L’auteur nous fait participer à ses activités rituelles comme la cérémonie du thé dont l’homme respecte toutes les étapes en prenant le temps nécessaire.

Mais il faut aller de temps à autre en ville pour un minimum de ravitaillement, le riz, le soja, quelques outils. Il fabrique des objets avec les bambous qui poussent sur le bord du lac.
« Corbeilles grandes et petites, paniers, peut-être même une hotte. Certains porteront leurs cueillettes avec, leurs récoltes, des fleurs ou même du bois, et, qui sait, leurs enfants. D'avance, il allège leur fardeau.
Est-ce qu'il en est heureux ?
Peut pas dire.
Pas exactement un métier.
Juste une façon de céder au monde. Rentrer dans le circuit des vivants, pour mieux pouvoir rester sur l'île.
La part des hommes. À quoi il faut sacrifier. Deux ou trois fois l'an il le fait, il la prélève sans rechigner. »

Une existence tranquille dans un univers très dépouillé. Le minimum vital mais aussi le bruit du vent, le chant des oiseaux, le son de sa flûte…

Et puis un jour, des phénomènes étranges viennent perturber le quotidien. La barque se détache. La pierre qui veille sur la porte disparait. Des coups retentissent alentour…
Nous partageons alors l’inquiétude de cet homme.

Arnaud Rykner réussit là un très beau texte, paisible, poétique, riche en images et en sensations. Une lecture idéale pour des lecteurs qui veulent s’accorder un temps calme dans un lieu isolé.

Serge Cabrol 
(12/06/23)