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Gilles PARIS

Le bal des cendres



Dans ce roman, le décor est lui-même un personnage, à la fois le paradis et l’enfer, comme d’autres peuvent être anges et démons. Le paradis parce qu’on est sur une île en Méditerranée, au large de la Sicile, avec la mer, le soleil, le ciel bleu, dans un hôtel, Le Strongyle, accueillant et confortable. L’enfer, parce qu’au milieu de l’île, il y a le Stromboli, ce volcan toujours en activité, qui se manifeste régulièrement, avec des explosions, des projections de pierres, des coulées de lave, des panaches de fumée gigantesques, des pluies de cendres. En 2019, un touriste a encore été tué pendant une éruption.

Dans cet hôtel, au pied du volcan, nous rencontrons une quinzaine de personnages qui, en alternance, au fil de courts chapitres de deux ou trois pages, prennent la parole à la première personne pour partager leurs pensées, leurs préoccupations, leurs interrogations, leurs désirs, leurs regrets, tout ce qui constitue l’âme humaine et construit peu à peu à peu la trame du roman, le fil de chacun croisant les autres, se liant de manière plus ou moins serrée entre eux, mais formant une histoire commune à tous. Certains vont se rencontrer, s’aimer, mentir, mourir, tuer… Comme dans ses précédents ouvrages, l’auteur met en œuvre une large palette de sentiments et d’émotions.

La première qui s’exprime, c’est Giulia, une adolescente de quinze ans. « Je suis née le jour où ma mère est morte ». Un incipit qui accroche tout de suite le lecteur. Et la suite ne le déçoit jamais…
Le pacte de lecture, ici, implique qu’on lit ce que chaque personnage pense, croit, imagine, se rappelle. Mais ce qu’il sait d’une situation, ce qu’on lui en a dit, ne correspond pas toujours au véritable déroulement des faits. Aucun n’est à l’abri des surprises et des rebondissements.
Giulia vit avec son père, Guillaume, qui a acheté cet hôtel avec son meilleur ami Matheo. Ces deux hommes ont un passé violent, de militaires et de baroudeurs dont ils se souviennent par moments et nous font partager lorsqu’ils prennent la parole.
Mais pour Giulia, ce sont les hommes les plus doux du monde, tendres et attentifs. Elle est la princesse de ce paradis où elle vit toute l’année et travaille avec plaisir pendant l’été, toujours vive et souriante. Elle n’a pas encore connu l’amour mais cet été sera décisif…

Parmi les clients, elle aime se promener avec Thomas, un photographe allemand, qui vient retrouver sur cette île le souvenir et l’image d’Emilio, son jeune amant qui s’est noyé en nageant au large quelques années plus tôt. La douleur est toujours aussi présente. La partager l’aide à la supporter.

Outre Thomas (et le Stromboli), nous avons le plaisir de retrouver ici plusieurs personnages déjà croisés au fil des nouvelles de La lumière est à moi, recueil paru chez Gallimard et chroniqué ici en 2018.  Il y avait Lior, ce jeune homme dont le prénom en hébreu signifie justement "La lumière est à moi". Il adorait plonger et visiter des grottes sous-marines C’est au retour d’une de ces visites qu’il a réussi à sortir sa mère du coma où elle était plongée depuis longtemps. Maintenant il est océanographe, explore toujours les fonds marins, mais n’a jamais connu l’amour. Cet été va être une révélation…
Il y avait aussi Anton, déjà chirurgien, marié avec Sevda et père de trois filles. Ici, il se révèle toujours aussi volage, incapable de résister à cette attirance vers les autres.
On retrouve Tom, dix ans, toujours en relation avec Gris, ce personnage mystérieux que seuls sa sœur, son frère et lui peuvent voir.
Eytan était déjà marié avec Aysuda mais attiré par Abigale, l’Américaine, qui est maintenant sa maîtresse une partie de l’année. C’est elle qui séjourne avec lui au Strongyle. « Cinq ans déjà, que nous nous retrouvons en Italie, chaque printemps, chaque été, en Toscane, en Ligurie ou à Amalfi, sur la côte amalfitaine. J'ai tout l'hiver pour déprimer, loin d'Eytan qui vit à Londres avec Aysuda, collectionnant ses messages à toute heure du jour et de la nuit et quelques appels, toujours en fonction de son emploi du temps à lui. Je reconnais qu'il m'appartient lors de ces escapades italiennes. »

D’autres personnages sont présents dans l’hôtel et nous allons apprendre à les connaître, nous allons voir les fils qui se nouent entre les uns et les autres, les mystères aussi qui les entourent, les secrets qui les poursuivent et dont certains vont être révélés au cours de cet été.

Et puis, il y a le Stromboli, qui ne va pas se contenter d’être un décor de carte postale mais va se manifester violemment et bouleverser la paisible existence des habitants comme des vacanciers.

Gilles Paris a un grand talent pour animer ses personnages, leur faire exprimer leurs émotions, évoquer les moments de trouble, de désir, de déception, de colère, ce qu’ils disent et ce qu’ils ressentent, ce qu’ils montrent et ce qu’ils cachent. Chaque livre est un condensé de condition humaine et l’œuvre, une dizaine d’ouvrages, un kaléidoscope d’exploration de l’âme.

Serge Cabrol 
(19/04/22)    



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Lectures







Gilles PARIS, Le bal des cendres
Plon

(Avril 2022)
304 pages - 19 €

Version numérique
12,99 €









Gilles Paris,
né en 1959, travaille dans le monde de l'édition.



Bio-bibliographie
sur le site de l’auteur :
www.gillesparis.net






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