Comme dans la majorité des textes de l’auteur (déjà cinq romans et un recueil de nouvelles), le narrateur est un enfant. Hyppolite vit seul avec son père qui a peu de temps, d’énergie  et de motivation pour s’occuper de son fils. Il rentre de l’usine fatigué, s’installe sur le canapé, allume la télé, fume et boit des bières pendant qu’Hyppolite prépare le repas.

La vie n’a pas toujours été si triste. C’est seulement depuis que la mère d’Hyppolite est partie en Thaïlande avec un voisin, le père de Gégé.

Gégé est le meilleur copain d’Hyppolite et ils s’entendent à merveille pour multiplier les bêtises à l’école où ils sont toujours assis côte à côte.

On rencontre au fil des pages d’autres élèves de leur classe : Antar, le bon élève, toujours prêt à répondre au professeur ; Fatou, dont les parents se tapent dessus ; Chan et Cui, les jumelles qui jouent toujours entre elles avec leurs poupées ; Abdallah et Firmin qui préfèrent le foot et se prennent pour Ronaldo… Avec Jérôme, l’éducateur de la mairie, les différents professeurs et le directeur qui fait preuve d’une grande sévérité, c’est tout un univers complexe et agité que nous découvrons autour du narrateur.

Hyppolite a une passion qui occupe tous ses temps libres : dessiner et mettre de la couleur partout, très librement, selon ses goûts. « Les feuilles des arbres sont violettes, la mer est blanche, et ma maison arc-en-ciel, avec le soleil rouge qui entre par ma fenêtre comme un doux réveil qui me réchauffe. Jérôme regarde mes dessins et dit : "Mais les feuilles des arbres sont vertes, Hippo. La mer est bleue et le soleil jaune." Je ne réponds pas. Je regarde Jérôme et je le plains. »

Hyppolite continue à colorer la vie à sa façon et même son père finit par l’encourager : « Tu as raison. Il faut inventer les couleurs là où elles n’existent pas. »

Pour son premier livre jeunesse, Gilles Paris réussit, comme dans ses autres ouvrages, à marier la tendresse et l’humour sans cacher les moments difficiles que vivent les enfants. Aline Zalko l’accompagne dans les mêmes tonalités, avec des dessins tout en couleurs, sans contours noirs, joyeux quand les enfants dansent ou plus tendres comme le visage d’Hyppolite endormi sur l’épaule de son père, illustration reprise en couverture du livre. À mettre entre toutes les mains sans la moindre hésitation…

Serge Cabrol 
(13/05/19)