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Le recueil s’ouvre sur une femme solitaire entre deux âges qui lors d’une conversation brouillée croit un instant, grâce à quelques notes de tango devinées en fond sonore, à l’appel d’un ancien amant de Caracas effacé de sa vie à son retour de voyage (Qui est à l’appareil ?). Il finit sur un tendre échange autour d’un projet de voyage en Italie, semblable à une bulle ultime de bonheur alors que la mort rôde autour du lit d’hôpital de l’amant. Cette dernière conversation par l’intensité de l’émotion qui s’en dégage est peut-être l’une des nouvelles les plus remarquables. Ces nouvelles, tour à tour légères ou graves, banales ou étranges, drôles ou cruelles, sont toujours écrites sous le signe de la sensibilité et la délicatesse et posent sur chacun des personnages un regard dont la lucidité se nuance toujours de tendresse et de poésie. Et si Marie Sizun ne s’attachant qu’au présent de la communication ne nous donne que peu d’indices sur la vie ou le passé de ceux qui parlent, leur intimité, à travers l’amour ou la rupture, la solitude de la vieillesse ou le lien parent-enfant, dans le bonheur, la tristesse ou le manque, toujours affleure comme si le téléphone dans son étonnant rapport entre proximité et distance permettait aux interlocuteurs de se dévoiler sans masque. Dans ces conversations volées, rendues parfois énigmatiques du fait de n’entendre qu’un seul des protagonistes de l’histoire, les silences ont aussi une place. C’est dès lors à chacun de combler les pointillés et d’interpréter ces instantanés, afin de se les approprier intimement à son tour. Pour ma part, outre La dernière conversation déjà évoquée, Le répondeur qui a conservé des voix depuis longtemps tues, L’indiscrète dans le métro avec sa combinaison parfaite de drame et d’humour, et L’installation du téléphone pour son beau personnage de vieille femme à l’époque des gros appareils noirs en bakélite, me resteront en tête longtemps mais parions que chacun face à la variété de la carte trouvera à coup sûr des correspondances personnelles avec l’une ou l’autre de ces nouvelles. « Elles sont fortes, les paroles portées par le téléphone, et leur musique, et leur résonance en vous, plus fortes que les paroles de la vie ordinaire » écrit Marie Sizun dans son épilogue. À la lecture de son livre brodé d’émotions on ne peut que lui donner raison. Dominique Baillon-Lalande (12/02/20) |
Sommaire Lectures Arléa (Janvier 2020) 248 pages – 20 € Marie Sizun Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : Jeux croisés Un jour par la forêt La gouvernante suédoise Vous n’avez pas vu Violette ? Les sœurs aux yeux bleus |
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