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Toujours aussi éblouissant, Marcus Malte nous entraîne ici dans une vaste fresque mettant en scène des personnages lancés sur le macadam d’une autoroute en plein été ou plantés sur une aire de stationnement sous un soleil accablant. Les destins se croisent ou s’entremêlent. Du grand art ! Le livre s’ouvre sur un prologue futuriste où, très longtemps après notre époque dévastatrice, les hommes vivent dans une bulle à cause de leurs prédécesseurs, nous, qui avons détruit la couche d’ozone et rendu la planète inhabitable. Dans un mélange de langage informatique et de mots-valises, un conférencier évoque devant ses étudiants tous les maux d’aujourd’hui, les énergies fossiles, le nucléaire, la voiture et autres fléaux et propose de leur montrer une journée de la vie de leurs ancêtres. Quittant ce langage science-fictif, nous voici lancés sur l’autoroute d’aujourd’hui, un lundi de début août. En chapitres alternés, nous suivons une quinzaine de personnages dans une dizaine de véhicules, pendant leurs trajets ou leurs arrêts sur les Aires. Leurs histoires sont entremêlées en une trentaine de chapitres dont le titre est le modèle de leurs véhicules. Des tranches de vie avec leur passé, leurs projets, leurs espoirs, leurs histoires d'amour, de ruptures, de regrets, entrecoupées par la radio, les publicités et les bulletins d’informations dont certaines, comme la disparition d'une petite fille, ont peut-être à voir avec l’un ou l’autre des personnages. Un échantillon de l'humanité du début du vingt et unième siècle. Outre les aspects personnels de chaque parcours, ces récits font apparaître des aspects économiques, sociaux, politiques, écologiques de la société actuelle. Il y a aussi un écrivain parmi les personnages de ce roman, qui fait de l'auto-stop et aime inventer des histoires où les destins se croisent. À la manière des contes des Mille et une nuits, il y a des histoires dans les histoires, comme celle que raconte l'auto-stoppeur (autour du parcours d'un violeur d'enfants dont le nom commence par un F), ou bien cette étrange épopée qui évoque le népotisme des Ceausescu en Roumanie dont un descendant se retrouve sur une aire d'autoroute en France, ou encore celle intitulée « Laura, je t’aime » où une autrice de livres pour enfants rencontre une illustratrice sur un salon de littérature jeunesse et s'engage dans une passion dévorante et mortifère… Imaginer la vie de ceux qu'on croise ou qu'on double est une idée qu'on a parfois au volant de sa voiture pendant un long trajet, mais il faut l'énergie, la patience, la détermination et le talent de Marcus Malte pour s'y atteler concrètement et réaliser cette fresque émouvante et passionnante de près de cinq cents pages qu’on dévore avec gourmandise. Encore une belle réussite qui vient enrichir le parcours, déjà reconnu par un large public et récompensé par plusieurs prix prestigieux dont le Femina, d’un auteur qui ne cesse de nous étonner et de nous captiver à chaque nouvelle parution. Serge Cabrol (17/02/20) |
Sommaire Lectures Éditions Zulma (Janvier 2020) 496 pages - 24 €
Bio-bibliographie sur le site de l'auteur : www.marcusmalte.com LIre sur notre site des articles concernant d'autres livres du même auteur : Intérieur nord Garden of Love Toute la nuit devant nous Les harmoniques Cannisses Mortes saisons Fannie et Freddie Pour la jeunesse : Il va venir Bandit De poussière et de sang Scarrels Ô corbeau |
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