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Comme à son habitude, Marcus Malte nous entraîne au fil des lignes dans un univers noir et intense où se mêlent le suspense, le social, l’humain, ses folies, ses angoisses et ses remords. Deux textes totalement différents dans ce recueil mais avec des échos concernant les friches industrielles dans ces villes sinistrées après la fermeture d’entreprises essentielles à leur survie. Dans Fannie et Freddie, Fannie conduit sa Toyota Corolla, traverse l’Hudson et roule vers Manhattan pour se garer dans un parking de Wall Street. Elle va enlever un homme jeune, beau et riche. Quelles sont ses raisons ? Quelles haines la poussent ? Quels souvenirs la hantent ? Quels projets macabres la motivent ? Dans une réalité sombre où se situe la raison ? La réalité peut devenir une terrible fiction dans un monde où tous les repères se diluent : « Ce n’est pas de la gratitude qu’on attend. Seulement un minimum de respect. Juste ça. Du respect. C’est ça que vous n’êtes pas fichu d’avoir, pour la plupart. C’est ça qui nous manque le plus. Tu le comprends, ça ? Hein ? Tu peux le comprendre ? » Dans Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, un homme marche sur la plage. Il est policier et il parle de son ami Paul assassiné alors qu’il n’avait que 14 ans. Il est entré dans la police, hanté par cette mort, et veut trouver le coupable car à l’époque l’affaire a été classée comme un malheureux accident. Nous pénétrons dans les méandres et les ambiguïtés du fonctionnement humain. Marcus Malte nous parle aussi de la Seyne-sur-mer, ville sinistrée sur le plan industriel puisque les chantiers navals, la gloire de cette ville, ont tous été fermés depuis bientôt vingt ans : « On n’entend plus le chant de la sirène, qui découpait nos jours, qui marquait notre temps. Qui faisait s’ouvrir grand les portes et nous libérait. On est toujours taulards, prisonniers, mais du néant. » Des mots très forts pour parler de tous ces hommes, ces femmes, ces familles qui se sont trouvés abandonnés puisque sans travail. Deux très beaux textes, portés par une narration et une écriture de force, de tendresse, de nostalgie, de dénonciation d’un monde trop souvent destructeur de l’humain. Brigitte Aubonnet (02/10/14) |
Sommaire Lectures Éditions Zulma (Octobre 2014) 160 pages - 15,50 € Vous pouvez lire sur notre site un entretien avec Marcus Malte et des articles concernant d'autres livres du même auteur : Intérieur nord Garden of Love Toute la nuit devant nous Les harmoniques Cannisses Mortes saisons Pour la jeunesse : Il va venir Bandit De poussière et de sang Scarrels Ô corbeau |
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