Retour à l'accueil du site | ||||||||
Le narrateur, Louis Claret, un professeur approchant la soixantaine qui enseigne l’anglais dans une ville de province, est invité au vernissage d’une exposition d’un de ses anciens élèves devenu un peintre connu et reconnu. « Sa notoriété s'étendait jusque dans la capitale et même hors de nos frontières. Alexandre Laudin : la preuve vivante que l'art n'a cure des origines géographiques et sociales – il était né et avait grandi ici, dans un lotissement de l'agglomération de cette ville de province où ses parents résidaient encore. » Philippe Blondel, dont nous apprécions régulièrement les ouvrages (voir la liste dans la colonne de droite) aborde ici de nombreux thèmes, du mal-être des adolescents aux interrogations du vieillissement. Maintenant, Louis vit seul. Il s’est séparé d’Anne après vingt ans de mariage, d’un commun accord. « Nous nous sommes quittés en bons termes, au grand dam de nos filles, qui auraient souhaité des cris, des vociférations et des larmes. Nous n'en étions plus là. Nous avions épuisé notre désir en élevant les enfants et nous en étions à rogner la tendresse que nous nous portions. Nous avons préféré rompre avant de ressentir de la haine, ou du mépris. » Alexandre, malgré la réussite et la célébrité, n’a pas réussi à pacifier les démons qui l’habitent depuis l’enfance. Les relations difficiles avec ses parents, le rejet par les autres au collège ou au lycée quand on se sent « différent » et plutôt attiré par les garçons. « L'enfer d'être amoureux de quelqu'un qui ne pourra jamais vous payer de retour, parce qu'il n'a pas les mêmes attirances. L'enfer de traîner dans les couloirs en sachant que vous êtes transparent, et qu'il faut que vous vous estimiez heureux parce qu'il n'y a aucune agressivité envers vous. Un mépris larvé, seulement. » C’est avec une idée derrière la tête qu’Alexandre a invité son ancien professeur. Il voudrait faire son portrait. Ou plutôt, comme il l’a fait avec ses parents, réaliser un triptyque. Sa peinture est violente et colorée. On pense à Lucian Freud ou Francis Bacon. Il aimerait que Louis pose pour lui, comme George Dyer pour Bacon. La peur du vieillissement est aussi évoquée par Anne lors d’une rencontre. « Il y a bien longtemps que le hasard n'a pas frappé à ma porte. Je roule au ralenti sur ma départementale, je ne croise ni camion ni moto. Je suis prise dans le filet des tâches quotidiennes. Je m'inscris à des activités pour tenter de me distraite de l'idée que je serai bientôt à la retraite et qu'il va falloir que je rassure tout le monde en répétant que je suis une sexagénaire épanouie et tellement contente d'avoir enfin du temps devant moi. Alors que le temps devant moi, il me terrifie. » Le roman est aussi passionnant qu’émouvant et Jean-Philippe Blondel confirme ici encore son grand talent pour observer et mettre en mots les profondeurs de l’âme humaine. Chacun de ses livres ajoute une pierre à une œuvre solide et cohérente. À suivre ! Serge Cabrol (04/01/18) |
Sommaire Lectures Buchet-Chastel (Janvier 2018) 250 pages - 15 €
Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur chez le même éditeur : G229 Et rester vivant 06H41 Un hiver à Paris Mariages de saison Pour les ados, chez Actes Sud Junior : Blog Brise glace |
||||||