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Philippe BESSON
« Aujourd’hui, voilà que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre. » C’est ce que Philippe Besson nous précise sur la quatrième de couverture. Car ce livre est magnifique, complet, profond, à s’y perdre, à s’y reconnaître dans la passion, dans l’amour. Si lors de précédents romans, – en particulier les derniers : De là, on voit la mer, La Maison atlantique ou Les passants de Lisbonne –, j’avais savouré les histoires, les ambiances, et si j’avais, bien sûr, aimé les phrases, les constructions habiles, les images fortes, ici, j’ai été impressionnée. « Arrête avec tes mensonges » est le plus fort et aussi le plus rayonnant des livres de Philippe Besson. Est-ce parce que cet auteur de fictions, racontées comme s’il les avait toutes vécues, nous dit la vérité ? Se confie ? Je ne crois pas, et ce n’est pas non plus parce que son récit transcende la pudeur, le sexe, et qu’il va au plus intime de la passion amoureuse, c’est parce que son écriture est à ce point lumineuse, qu’elle éclairera encore ses futurs romans comme elle vient sans doute d’éclairer les précédents… Ainsi Philippe rencontre Thomas, au lycée. Ils sont en terminale tous les deux, mais pas dans la même classe, n’ont pas la même façon d’être, de vivre leur adolescence, ne se ressemblent pas. Et pourtant, un jour, un rendez-vous a été donné, discrètement, presque abruptement. « Je sais que cette scène vient de se produire, je ne suis pas fou, et cependant elle me semble invraisemblable. Je scrute le goudron, j’entends la solitude se faire autour de moi, le dépeuplement de la cour de récréation, le silence gagner. » Une explosion, et aussi le début de l’inquiétude… « Je découvre la morsure de l’attente. Parce qu’il y a ce refus de s’avouer vaincu, de croire que c’est sans lendemain, que cela ne se reproduira pas. » Mais les rendez-vous vont se succéder, et leur relation vivre au cours de l’année scolaire. C’est ainsi que Philippe Besson, nous parle de ce premier amour, de ses blessures, de ses bonheurs. De ses doutes. Il nous prendra à témoin. Et nous trouvera réceptifs : « Plus tard j’écrirai sur le manque. Sur la privation insupportable de l’autre. Sur le dénuement provoqué par cette privation ; une pauvreté qui s’abat. J’écrirai sur la tristesse qui ronge, la folie qui menace. Cela deviendra la matrice de mes livres, presque malgré moi. » Ainsi tout au long de ce livre l’auteur découvrira, avec nous, et approfondira ce qu’il vit, a vécu, il utilisera même régulièrement les parenthèses, afin de rectifier ou d’ajuster ses propos, comme si l’exacte vérité devait être traitée dans cette urgence. L’année scolaire se termine, les deux jeunes gens ont leur Bac, et l’avenir semble tracé : pour Philippe, les études supérieures, et pour Thomas, seul garçon de sa famille, ce n’est pas le même destin, il doit seconder son père à la ferme. Le récit continue avec deux autres parties. Les années ont passé, ce premier amour «immense» reste actif, le recul alors, le temps, la réflexion de l’homme, la mémoire de l’écrivain… Anne-Marie Boisson (28/02/17) |
Sommaire Lectures Julliard (Janvier 2017) 198 pages - 18 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur : Une bonne raison de se tuer De là, on voit la mer La maison atlantique Les passants de Lisbonne |
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