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Amélie NOTHOMB Ce roman, véritable hymne au champagne et à la littérature, nous raconte la relation étrange, complexe et tumultueuse, qui lie pendant plus de quinze ans deux romancières très différentes par la nature de leurs écrits, leur origine sociale et leur manière d'être. Amélie Nothomb, à la fois auteur, personnage et narratrice, considère la consommation du champagne comme une chose très sérieuse, une activité artistique qu'on doit partager avec un agréable partenaire pour qu'elle ne se résume pas à un plaisir solitaire. On est en 1997, l'auteure est depuis peu de temps installée à Paris et sa liste de relations est encore un peu courte. C'est donc pendant une séance de dédicace dans une librairie qu'elle pratique une chasse passive. Proie des curieux, je les regardais tous en me demandant ce que chacun vaudrait comme compagnon de beuverie. Prédation combien hasardeuse, car enfin, à quel signe détecte-t-on un tel individu ? Un garçon de quinze ans s'approche à son tour de la table de signature. La jeune femme lui a déjà écrit plusieurs lettres. Elle prépare un master en littérature élisabéthaine en écrivant un mémoire sur un contemporain de Shakespeare. Amélie lui trouve plutôt un air de mauvais garçon et la façon dont Pétronille expulse de la librairie un photographe trop grossier la conforte dans cette impression. Les deux femmes vont se revoir, le champagne les réunit souvent, et Amélie trouve en Pétronille la « convigne » idéale. Cette complicité d'ivresse, entrecoupée de périodes d'éclipse, va durer dix-sept ans et connaître de nombreuses aventures cocasses ou émouvantes. Une dégustation de champagne dans les salons du Ritz tourne à la catastrophe quand les « créatures à serre-tête » saluent Amélie Nothomb avec chaleur mais ignorent superbement Pétronille. On accompagne aussi Amélie Nothomb à Londres où elle va interviewer une créatrice de mode si désagréable et méprisante que la romancière appelle sa « convigne » au secours. Le séjour dans la capitale britannique prend alors une tout autre allure... Quand elles décident d'aller à la montagne, le séjour prévu pour une semaine se trouvera écourté. Amélie, qui n'a pas fait de ski depuis ses quatre ans au Japon, commence par une série de chutes qui en aurait découragé plus d'une mais elle ne baisse pas les bras et choisit une méthode très personnelle pour retrouver les gestes de l'enfance. Autre scène mémorable, un réveillon en banlieue parisienne, chez les parents communistes de Pétronille. Soirée exotique pour la romancière élevée dans le luxe des ambassades et interrogation sur le parcours de Pétronille passée de cette famille sans livre à l'écriture et à l'étude universitaire de Shakespeare. Parallèlement aux rencontres autour des flûtes et des coupes, on voit se succéder, d'année en année, les publications de Pétronille qui vit mal le désintérêt des critiques. Quand, en 2005, Amélie Nothomb se plaint des réactions hostiles à la sortie d'Acide sulfurique, Pétronille se met en colère : Un jour, elle annonce à Amélie qu'elle part traverser le Sahara à pied et charge son amie de trouver un éditeur pour le manuscrit qu'elle lui confie. Et voici Amélie Nothomb démarchant les maisons d'édition pour défendre le roman d'une autre. L'épreuve est intéressante, les refus nombreux et les réflexions qu'elle entend assez significatives. Nous ne dirons rien de la fin, bien entendu, qui confirme que l'auteur ne confond jamais le roman et l'autobiographie... Serge Cabrol (25/09/14) Amélie Nothomb a révélé à la radio et à la télévision la véritable identité de Pétronille et vous pourrez, en cliquant ici, lire les propos de Stéphanie Hochet sur le roman dont elle est devenue un personnage. |
Sommaire Lectures Editions Albin Michel (Août 2014) 180 pages - 16,50 € Depuis Hygiène de l'assassin (Albin Michel, 1992), Amélie Nothomb publie un roman chaque année chez le même éditeur. Bio-bibliographie sur le site de l'auteur : www.amelie- nothomb.com Lire sur notre site des articles concernant d'autres titres du même auteur : Le fait du prince Une forme de vie Tuer le père Barbe bleue La nostalgie heureuse |
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