D'une écriture somme toute assez classique, avec des variations de rythme adaptés au sujet lui-même (mention spéciale pour L'accompagnateur et Rétroviseur), avec quelques effets de surprise et des chutes qu'on ne sent pas venir (tout particulièrement dans la première, la troisième et la dernière nouvelle), avec beaucoup d'humour, l'auteur s'y entend avec talent pour titiller notre intérêt.

Ces hommes ne sont aucunement des héros, plus des amis et des frères atteints par le doute et non des mâles conquérants. Leurs épouses (ou ex-), tout du moins pour quatre d'entre elles sur cinq, semblent se démarquer d'eux par leurs exigences et ambitions, leur combativité, et parfois leur insensibilité. Comme si l'auteur avait voulu mettre en scène une génération d'homme « empêchés » face à des superwomans positionnées entre revendication et  action. Mais de ce simple constat sans jugement ou critique ne jaillit ni hargne, ni révolte, ni affrontement sanguinaire, ni drame.

Ces petites histoires banales et sans importance mais non sans couleurs qui derrière la quête de chacun laissent transpirer l'ennui du quotidien et l'usure du couple, la nostalgie de l'enfance, la dichotomie entre les rêves et la réalité, sont portées, animées sans angélisme ni pathos, par des personnages ni pires ni meilleurs que beaucoup d'entre nous, profondément humains, indéniablement proches et habiles à nous parler à l'oreille pour nous souffler malgré tout l'envie de vivre et de le faire pleinement.

« Il allait presser sur la détente et ce serait tout. C'était vraiment trop bête. […] Il resta en suspens encore quelques secondes puis se mit à rire, sans retenue, comme il n'avait plus ri depuis longtemps. Un rire qui – sur ce point, il n'avait aucun doute – ne serait pas le dernier. » (Une hésitation).

Du bel ouvrage, à déguster sans attendre.

Dominique Baillon-Lalande 
(11/05/16)