Retour à l'accueil du site





Texte : Françoise ASCAL
Photographies : Philippe BERTIN


Levée des ombres



Dans la préface, Françoise Ascal nous détaille l’origine de ce projet :
« Cet ouvrage s'enracine dans l'histoire de l'abbaye d'Aniane et explore plus particulièrement la période récente allant de 1850 à nos jours. Le thème de l'enfermement en est le centre Il renvoie à cette continuité particulière sur un même lieu, jamais rompue au cours des siècles, allant du premier cloître aux différentes formes de prisons, dont la colonie pénitentiaire pour mineurs. »

Nous découvrons un lieu chargé d’Histoire et d’histoires individuelles, un lieu qui a changé d’attribution au fil du temps pour être notamment, à partir de 1885, une colonie pénitentiaire pour mineurs (avec 515 jeunes en 1889).

Deux arts se rencontrent pour évoquer ce lieu, la poésie et la photographie. 
Nous passons des images littéraires aux images photographiques, du passé au présent, des documents d’archives au regard de deux artistes contemporains : « Les photographies sur les institutions pour mineurs relevant du Ministère de la Justice, réalisées par le studio Henri Manuel entre 1929 et 1931, ici utilisées sous forme de négatifs, sont juxtaposées à des clichés pris à l'infrarouge aux mêmes endroits, 80 ans plus tard. »
 
Nous ressentons l’univers carcéral  grâce aux mots de Françoise Ascal :

Trop
trop de portes trop de fenêtres
trop d'escaliers couloirs étages
trop de bâtiments plus vastes les uns que les autres
s'additionnant s'excluant se permutant

trop de projets fantasmes rumeurs
trop de douleurs tues
trop d'empreintes
trop de vestiges
trop de siècles

Abbaye filature prison

Dedans / dehors
dehors / dedans
sortir / rentrer
fermer / ouvrir

Où porter le regard ?
dans quel ordre ?

Les murs des prisons sont aussi les témoins de ces moments passés hors de la vie, dans le manque, dans l’angoisse, dans les rêves, dans les espoirs…

Comme si les murs eux-mêmes suintaient d'une violence secrète
Comme si les tags d'aujourd'hui n'étaient que les embus d'hier
lentement remontés
à travers l'obscur de nos mémoires

Les photographies du passé montrent en négatif les jeunes dans leurs cellules, dans les escaliers, dans le réfectoire, derrière une porte… et les photographies contemporaines, de couleur verte, montrent les locaux à l’abandon, des cellules vides, de longs couloirs, des tags, vestiges de ce qui n’est plus.

Un moment de lecture émouvant, particulier au cœur de ce lieu spécial qu’est l’univers carcéral avec tout ce qu’il contient de questionnements sur ces êtres qui dérivent, sur la société, sur l’enfermement…

Brigitte Aubonnet 
(17/04/15)    



Retour
sommaire
Poésie









Atelier Baie

Format 20,5 x 20,5 cm
72 pages - 20 €















Découvrir sur notre site
d'autres livres
de Françoise Ascal :

La Table de veille

Si seulement
Perdre trace
Cendres vives
Le carré du ciel
Issues


Rouge Rothko