Knitting Granny dite Knitty, va bientôt être arrière-grand-mère. Elle est d’origine anglaise et parle encore avec un fort accent. Sa petite-fille, France, va bientôt avoir un enfant. Avec Gabriel, son compagnon, elle veut lui éviter les pressions de la société qui orientent les choix des enfants en fonction de leur sexe : « Une petite fille ?... Mais c'est si mignon, les petites filles ! ou (une chance sur deux) : Ah ! Un petit garçon ?... Mais alors c'est un petit homme dans la famille ! Elle aurait peut-être ajouté un commentaire : Un peu plus turbulent qu'une fille, c'est sûr – mais c'est mignon aussi, les garçons. Et de conclure : Bien sûr, ce qui compte, c'est que le bébé soit en bonne santé ! À quoi bon chercher des variantes ! »

Ils décident donc de choisir un prénom neutre qui peut être féminin ou masculin : Dominique. Bien sûr, ils ne veulent pas connaître le sexe du bébé avant sa naissance, ensuite ils ne le révèleront pas à la famille, aux amis et aux voisins : « Chaque visite était l'occasion d'un nouvel effarement. Car, pour maintenir le cap, il fallait aux parents de Dominique une créativité de chaque instant. Veiller à ne jamais faire porter à leur enfant le poids de sa réalité physique par l'intermédiaire d'habits, de jeux, de sentences, de codes sociaux ou de clichés culturels est un véritable casse-tête. Sans parler de la langue française, "genrée" à l'extrême, qui tend des pièges à chaque phrase ! »

Les réactions seront parfois surprenantes. Cependant, l’arrière-grand-mère et la grand-mère, Lily, connaîtront la vérité plus vite que les personnes extérieures à la famille. Jusqu’à l’âge de ses sept ans, Dominique n’aura pas une idée précise de son identité sexuelle, jouera aussi bien aux poupées qu’aux voitures et résistera aux moqueries des enfants. Dominique  grandit et développe beaucoup de malice mais rien n’est simple : « La rumeur courait vite. Elle avait ses raisons. Dont il est simple de faire la synthèse : tout le quartier rêvait de déculotter Dominique ! Les heureux parents n'avaient pas imaginé qu'en voulant préserver leur enfant des pressions du monde ils fabriquaient des formes bien plus insidieuses d'oppression. »

Knitty joue un rôle très important, elle aime être indispensable. France, Gabriel et Dominique vivent chez elle. Ils vont partir ensemble en Angleterre ce qui va être l’occasion pour Dominique de faire bien des découvertes. L’humour est présent tout au long du roman mais nous conduit aussi à de nombreuses réflexions car tous les points de vue sur cette décision de ne pas révéler le sexe d’un enfant apparaissent avec beaucoup de subtilité tout au long du roman.

Ce qui est très amusant c’est que nous sommes comme tout le monde, au début du roman nous voudrions aussi savoir quel est le sexe de cet enfant  mais au fil du temps nous réalisons peu à peu que cela n’a pas d’importance. Nous sommes pris par l’intrigue et les différents avis qui s’expriment. Nous l’apprendrons, tout de même, en fin de roman.

Les titres des chapitres font tous appel à des couleurs. Le premier titre Blanc, c’est blanc chargé d’un clin d’œil humoristique nous met tout de suite dans l’ambiance pour éviter le rose et le bleu. Les couleurs accompagnent la vie avec souvent des significations particulières.

Un très beau roman qui se lit avec grand plaisir, celui d’entrer dans le jeu du suspense qui prend tout son sens et interroge chacun sur les contraintes sexistes de la société.

Brigitte Aubonnet 
(09/02/15)    

Cookie Allez
est née et vit à Paris.
Dominique est son septième livre publié
chez le même éditeur.