Nous retrouvons avec plaisir la famille Trigano-Lacombe dont les trois enfants ont constitué une agence secrète : Caracal. La première enquête,
Opération Niamey s’est déroulée au Niger. Celle-ci nous entraine en Grèce où les migrants qui veulent entrer en Europe sont confrontés aux autorités, aux passeurs et aux mafias.
Pour cette nouvelle aventure la fratrie est divisée. Les plus jeunes, Anaïs et Titouan, sont en Grèce avec leur mère, diplomate, qui a été nommée à l’ambassade de France à Athènes. L’aîné, Jules, est resté à Paris avec son père, Jean-Baptiste, qui vient de commencer un nouveau projet de bénévolat pour Amnesty International.
Le dimanche, Jules aime bien aller aider son père aux bureaux d’Amnesty. En ce moment, Jean-Baptiste est préoccupé par le sort d’une famille syrienne qui a perdu en route un de ses enfants, Wael.
« La famille est partie en urgence une nuit. Les départs sont souvent improvisés. Le gamin ne serait-il pas tombé dans la mer ? Les bateaux qui les transportent sont souvent surchargés. »
« Ils ne peuvent plus bouger depuis qu’ils ont perdu leur fils. Wael est peut-être resté dans un camp de migrants sur une île grecque. Plusieurs de ces îles de la mer Égée, proches des côtes turques, hébergent des réfugiés. Il est écrit qu’ils étaient à Lesbos. »
« Jean-Baptiste passait son temps à contacter des membres d’Amnesty présents dans le camp de Lesbos, mais aussi à Athènes, et même plus au Nord, en Bulgarie. »
Très ému par le sort de ce garçon de son âge, Jules décide de contacter Anaïs et Titouan pour voir ce qu’ils peuvent apprendre à Athènes de la part de leur mère. Il leur envoie donc une lettre dont le texte est codé mais qu’ils déchiffrent très rapidement : « Caracal réactivé. Urgence niveau 2 »
« Titouan poussa un soupir.
– Dommage. J’aurais préféré une urgence qui m’oblige à arrêter l’école.
– C’est ça, oui : on va expliquer à maman qu’on ne va plus à l’école, sans raison. Le niveau 2, c’est plus discret, on passe à l’action, mais sans se faire remarquer. C’est bien mieux. »
Et voilà, la nouvelle aventure est lancée : il faut retrouver Wael et réunir cette famille en souffrance.
Se sentant impuissant à aider Wael en restant à Paris, Jules décide de partir sur le terrain pour voir ce qui se passe sur place. En train puis en car, il traverse une partie de l’Europe, jusqu’en Bulgarie où il rencontre un garçon de son âge, Angel, mi-voyou mi-passeur, armé d’un pistolet…
Après de nombreux rebondissements, Jules finit par rejoindre Athènes. Anaïs et Titouan ont réussi à sympathiser avec des filles et des garçons prêts à les aider dans leur aventure.
L’agence Caracal enfin réunie peut se lancer dans une opération dangereuse au grand dam de leurs parents très inquiets…
Après la situation au Niger, c’est ici le sort des migrants de Méditerranée qui est au cœur de ce roman. Lorsqu’ils parviennent à échapper aux naufrages, ils sont confrontés au passage des frontières au gré de la politique européenne et des états directement concernés comme la Grèce et la Turquie, mais ils sont aussi victimes de la violence et de la cupidité des passeurs et de tous ceux qui trouvent en eux l’occasion de gagner un peu d’argent. L’auteur nous donne beaucoup d’informations sur ce qui se passe dans cette région et notamment dans les camps de réfugiés.
Cette série, Caracal, est une belle collection de romans d’aventures mais aussi de précieux documents sur l’état du monde. Joindre l’utile à l’agréable, deux bonnes raisons de conseiller ces ouvrages à tous les jeunes lecteurs à partir d’une douzaine d’années.
Serge Cabrol
(26/08/24)