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Annie SAUMONT

Encore une belle journée



Encore une belle journée est encore un bon moment de lecture avec les quatorze nouvelles d’Annie Saumont. Certaines sont reprises de recueils devenus introuvables :
L’interrogatoire, texte redoutablement fort sur la souffrance irréparable, l’humiliation rentrée.
C’est mardi aujourd’hui sur le problème de l’identité sexuelle abordé de façon très délicate où l’écriture renforce le propos : « La main adolescente s’étale. Au bout des doigts les ongles durement rabotés. Oui, murmure-t-il, tapotant des phalanges, je voudrais que le laitier m’aime. Le laitier me remarquerait. Il dirait – Ne dirait rien. Quand il viendrait pour le rugby, le laitier, capitaine de l’équipe, se tournerait vers moi, et me ferait un signe. »
Moi, mon père, nouvelle où un jeune se vante de son père devant ses copains. Le narrateur, un autre ado, est énervé par la situation et nous révèle progressivement l’incommunicabilité entre son frère et son père et le drame qui se joue à la maison.
Une voiture blanche sur la culpabilité qui poursuit vingt ans après. Une décision d’un instant qui aurait pu être différente et tout changer.
Le maître sur l’injustice des enfants et les mauvaises interprétations que l’on peut faire sur la vie des autres.

Toutes ces nouvelles témoignent de l’extraordinaire force des thèmes abordés et de l’écriture très souvent à double lecture d’Annie Saumont. Des textes dans les textes, souvent insérés en italiques, traduisent la complexité de la vie et des sentiments. La ponctuation est utilisée avec parcimonie et justesse, ce qui met en valeur les situations et les émotions.

Nous retrouvons aussi toutes les qualités littéraires d’Annie Saumont dans les nouvelles inédites :
Tais-toi, phrase courte et terrible : « Elle a peur. C’est bien fait. Maintenant elle me harcèle, Parle mon chéri, je t’en prie. Hier encore elle disait, Tais-toi. Dès que mon père l’a épousée, il y a huit ans, quelques mois après l’accident qui m’a privé de ma mère, elle n’a cessé de me prêcher la vertu du silence, suivant en cela mon père qui, depuis mon plus jeune âge, ne m’adresse la parole que pour me commander, Tais-toi. »
Pourquoi t’es jamais venu une terrible nouvelle sur le rapport mère-fils au travers du problème de la drogue abordé sous un angle tout à fait original.

Les problèmes de société, de famille, de non communication, de haine, de rancœur… s’égrènent au fil des pages sous la plume toujours aussi percutante d’Annie Saumont.

Brigitte Aubonnet 
(12/08/10)   



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Éditions Julliard

190 pages - 16 €






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