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LE CID


de Corneille



Un Cid flamenco ou l’opéra festif


Nous sommes capables de parler du Cid à un enfant ou à un étranger ignorant de cette aventure, voire d’en citer de nombreux alexandrins imprimés dans notre mémoire au cours de nos années collégiennes. En effet ce drame classique se trouve situé depuis des lustres dans notre univers familier à l’instar de la Tour Eiffel et du Mont Saint-Michel. Cependant les deux derniers ne nous poussent pas à une revisite permanente.

La dramaturgie de Pierre Corneille… si ! Et, en ce mois de mai 2009, elle ne vieillit plus de manière figée par la grâce d’une heureuse conjonction. La règle classique des trois unités y est heureusement diluée et cède la place à un spectacle original et percutant où le mélange des genres épice la triste histoire de Rodrigue et de Chimène. En perdant les rides dues à l’âge ce monument de notre conservatoire a maigri de quelques passages mais il accède à une autre vie dont le Théâtre COMÉDIA est le lieu d’élection.

Thomas LE DOUAREC, son iconoclaste metteur en scène, possède l’art des cheminements novateurs. Tout en témoignant d’un imaginaire fertile et d’une solide connaissance de l’univers cornélien, il n’en est pas à son coup d’essai. Sous sa houlette, le drame écartelant Rodrigue entre le devoir et la passion va conserver sa dimension tragique mais gagner également en somptuosité et en sensualité. Et ça, c’est un coup de maître.

Les contraires s’y additionnent, au lieu de se nuire. La musique et la danse rythment la progression des moments les plus intenses et cet apport est une des trouvailles donnant à l’ensemble du spectacle un rythme étonnant.

Tout y est métissé, non seulement les genres de spectacle mais aussi les personnages classiques. Le roi de Castille en témoigne tout en évitant les facilités coutumières à certains cabarets de travestis. Le Cid pare en quarte et riposte en sixte avant d’expédier dans l’autre monde l’ironique et prétentieux comte Gormaz du « Qui ta rendu si vain toi qu’on a jamais vu les armes à la main ? »
Mais Rodrigue chante et danse également.

A leurs côtés, les artistes d’un authentique flamenco andalou sont parfaitement intégrés aux autres comédiens. Le décor facilite l’arrivée et la présence de ces éléments nouveaux. Enfin certains costumes osent souligner un humour décapant qui n’était évidemment pas une caractéristique de cette tragi comédie.

Toute cette équipe enchante un public qui les récompensa, le soir de la première, d’une ovation debout. Et dans cette évidente réussite de scène, une Espagne toujours vibrante de son histoire hisse la tragédie de Corneille au niveau d’un opéra festif qui décoiffe : on en redemande.

Claude Chanaud 
(17/05/09)    



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Montreurs d'ours





Théâtre Comédia

4, bd de Strasbourg
75010 Paris

Réservation :
01 42 38 22 22





Mise en scène :
Thomas Le Douarec

avec :
Olivier Bénard
Clio Van de Walle
Jean-Pierre Bernard
Marie Parouty
Gilles Nicoleau
Florent Guyot
Aliocha Itovich
Jean-Paul Pitolin


Musique :
Luis de la Carrasca

Danseuses / Danseurs :
Karla Guzman
Melinda Sala
Carlos Hernandez
Kuky Santiago


Décor :
Claude Plet

Costumes :
Corinne Page

Combats :
Patrice Camboni

Lumières :
Gaël Cimma