Photo © LOT


L'écornifleur

de
Jules RENARD






La dernière adaptation de L’ÉCORNIFLEUR de Jules RENARD est une initiative heureuse de Renée DELMAS et de Marion BIERRY qui signe également la mise en scène. Grâce à elles le Théâtre LA BRUYÈRE met à notre disposition une comédie originale où plusieurs dialogues nous interpellent avec force, même s’ils datent de plus d’un siècle.

Certes, le parasite payant ses dupes avec des mots est de tous les temps ; certains personnages de notre actualité en font même un métier. HENRI, le pique-assiette, interprété par le très prometteur Hugo SEKSIG, pas encore à ce stade au début de la pièce, va très vite tirer les ficelles de l’emploi au contact d’une famille crédule.

Ces derniers, monsieur et madame VERNET, bourgeois aisés de la fin du XIXème siècle n’achètent pas de livres parce qu’ils consacrent leur argent aux choses dites UTILES et ils se méfient surtout des œuvres soupçonnées d‘anticléricalisme. Attention DANGER ! Aidé d’un cynisme naturel et d’un vernis superficiel, Henri va séduire petit à petit les deux époux, vraisemblables ancêtres pour ceux qui se vantent de nos jours d’ignorer La Princesse de Clèves. On n'aura pas besoin de recherche ADN pour prouver cette parenté.

Julien ROCHEFORT et Sarah HAXAIRE donnent à ce couple un comportement crédible pour ces monuments d’inculture. Et, jouée par Lola ZIDI, leur impulsive nièce Marguerite ne dépare en rien cette famille de nunuches. Alors, la mécanique mise au point par Jules RENARD les révèle dans leur conditionnement. Elle confirme ainsi son efficacité, qui perdure dans nos années 2000. En effet, de nombreux nantis aux idées courtes ont franchi toutes les époques sans accéder à un comportement humaniste. Ils demeurent des primates.

Dans les années 60 un authentique manuel catholique destiné aux femmes conseillait : « Si votre mari suggère l’accouplement, acceptez avec humilité en gardant à l’esprit que le plaisir d’un homme est plus important que celui d’une femme. » Mais déjà, dans L’ÉCORNIFLEUR, le chef de la famille VERNET un peu embarrassé demande à HENRI devenu un ami très intime : « Doit-on faire à sa femme ce que l’on fait à une maîtresse ? »

Les rires éclatent. Ils accompagnent le texte de ce grand honnête homme qui sut démasquer les hypocrites en s’amusant et qui fut aussi profond dans la pensée qu’efficace dans la dérision.

Cette comédie le confirme avec brio. Et elle accompagne le spectateur avec une évidente légèreté Jusqu’à la fuite de l’écornifleur dans un train opportun ; étonnant moment où monsieur VERNET après avoir remis à HENRI un billet de 1ère classe répète son leitmotiv « il ira loin ».

Claude Chanaud 
(12/04/09)    



Retour
Sommaire
Montreurs d'ours








THEATRE LA BRUYERE

5, rue La Bruyère
75009 Paris

Location :
01 48 74 76 99


Une pièce de

Jules Renard


Mise en scène :
Marion Bierry

Avec :
Sarah Haxaire
Julien Rochefort
Hugo Seksig
Lola Zidi