Pourquoi UN GARCON IMPOSSIBLE du dramaturge norvégien PETTER S. ROSELUND m’a provoqué cette bien classique réminiscence concernant l’extermination des Cathares au XIIIème siècle par d’autres fous de Dieu ?

Sans doute l’incompréhension d’un monde par un autre qui commence par le refus du langage en attendant le pire. Peut-être aussi un souvenir du regretté Grand Guignol de la rue Chaptal. Cependant, au-delà de quelques tentatives d’assassinats ponctuées de rires, on découvre avec cette dramaturgie peu connue une comédie affranchie de ses traditionnelles conventions. Et, surtout, un texte capable de conjuguer la réflexion désespérée et l’humour noir avec les dérapages les plus sordides des êtres humains.

Jean-Michel RIBES l’a mis en scène au théâtre du ROND-POINT avec une jubilation que l’on devine car le procès de notre monde qui apparaît en filigrane n’hésite pas dans la saine provocation et le dérapage cocasse.

Nous savons par expérience que les jeunes générations sortent rarement indemnes de leur éducation ou de leur milieu familial. Mais leurs réactions contemporaines que les médias relatent régulièrement aboutissent trop souvent à une noire solitude. A la drogue. Ou à la violence.

Evidemment, ces perversions ne sont pas indépendantes de nos manières d’initier les enfants au quotidien des adultes surtout quand les parents – ou supposés tels – ont de la peine à maîtriser leur ego. Alors le drapeau noir flotte sur une marmite débordant des rancœurs enfantines. Porte ouverte à tous les possibles… désamours, supplices et morgue.

Dans le décor efficace de Patrick DUTERTRE, l’équipe des comédiens, complice de ce texte non conformiste, mène la sarabande avec brio. Et Isabelle CARRÉ, reine de ce bal maudit, assume la détresse de son célibat. Elle y est évidente.

Aux lecteurs mobilisés par le théâtre d’aujourd’hui et ses audaces nécessaires, nous conseillons d’aller voir de près LE GARCON IMPOSSIBLE car le Théâtre du ROND-POINT explore avec bonheur son univers déjanté. Mais nous y poussons également ceux qui s’effraient de cette modernité car le garçon impossible qui est sur la scène fait peut-être partie de leur famille proche ! Et dans ce cas d’école, ils doivent se poser des questions.

Enfin pour ceux qui chercheront quelques parrains à cette pièce, vous avez un choix qui commence par JARRY, s’épanouit avec TOPOR et bien d’autres secoueurs de cocotiers qui n’ont pas payé leur patente au ministère des conservatismes peureux.

Claude Chanaud 
(25/01/09)