Faisons
un rêve


de Sacha Guitry




Dans l’univers des scènes parisiennes, l’EDOUARD VII campe dans le genre bon chic, bon genre. On n’y donne pas dans la provoc’ ni dans des aventures plasticiennes décoiffantes car c’est d’abord le texte qui compte. Les choix de ce théâtre s’inscrivent donc dans un répertoire assez classique de pièces bien connues. Ou reconnues.

La saison 2008/09 voit revenir l’intemporel SACHA GUITRY. De nouveau, ce talentueux "multi facettes" draine de très nombreux amateurs de ses comédies. Ceci explique la salle comble pour la mouture nouvelle de FAISONS UN RÊVE.

Le rideau de scène est aussi somptueux que rouge et l’aficionado entend le roulement annonciateur du brigadier. Comme dans le temps, murmure ma voisine, apparemment ravie de retrouver le rite traditionnel du bâton de régisseur. Les trois coups frappés, nous sommes dans l’appartement d’un riche célibataire, amateur de décor sophistiqué.

Effectivement, c’est surtout un quadra ou un quinquagénaire ayant à la fois le don de l’expression et l’exigence d’un résultat positif avec les dames. L’originale relation amoureuse qui inspire cette comédie est d’abord amusante dans le fond, légère dans sa construction mais, surtout, infiniment spirituelle dans la forme. D’où l’intérêt soutenu des spectateurs et les rires qui accompagnent les mots de son auteur.

De plus, le texte ne marque pas de rides. Tout cela est bien réglé par le metteur en scène Bernard MURAT, grand connaisseur de l’œuvre du Maître. Et l’équipe réunie à cette occasion est efficace.

Cette reprise très réussie doit énormément à Pierre Arditi, lequel interprète le célibataire. En effet, ce redoutable Casanova, va y séduire, avec brio et brillances, l’épouse d’un ami, la très désirable et distinguée Clotilde Courau, mariée (sur la scène) avec un méridional un peu lourdingue interprété de manière truculente par Martin Lamotte.

Tout au long de cette comédie, on assiste à la démonstration exceptionnelle d’une adéquation entre un comédien au mieux de sa forme et un texte brillantissime. Et ce qui est vrai dans les dialogues l’est encore plus dans un monologue d’anthologie où, téléphone dans la main et imaginaire en survitesse, le séducteur, un moment désorienté par son attente, recherche la femme de ses désirs. Arditissime !

Claude Chanaud 
(09/11/08)    



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Montreurs d'ours







Théâtre Edouard VII

10 place Edouard VII
75009 Paris

Réservation :
01 47 42 59 92


Mise en scène :
Bernard Murat




Le film, 1936




Le texte est publié par
L'Avant-Scène Théâtre