Une souris verte

de
Douglas Carter Beane





Marquée du comportement de certains producteurs de films américains dans leur concurrence cynique ainsi que d'une totale liberté dans les amours, la comédie Une souris verte du scénariste Douglas Carter Beane a été traduite et adaptée par Jean-Marie Besset. Elle serait sans doute dérangeante pour les spectateurs d'un patronage mais elle présente au Tristan Bernard une situation originale aboutissant à une réussite. Et cette performance doit être soulignée car le sujet pouvait prêter à de multiples ambiguïtés ou dérapages.

D'entrée de jeu, l'univers d'Hollywood et des gens de la pellicule, sert d'environnement à une rencontre entre un acteur connu et un giton occasionnel. Le premier est en passe de devenir une vedette. Le second – un beau gosse un peu drogué mais plutôt sympathique – est pourvu d'une maîtresse très opportuniste. Cependant, s’il n'est pas dépourvu de charme, il s'arrange lui aussi d'une certaine amoralité.

Suite à une rencontre tarifée, ces deux garçons amorcent une imprévisible passion mais, évidemment, cette aventure risque d'exciter la curiosité des médias et des gens mettant l'œil au trou de la serrure avec délectation. Or l'agent du comédien, une femme qui gère les carrières sans état d'âme, vient de signer un énorme contrat pour son poulain et veille évidemment au grain. En effet, une des clauses du contrat précise que pour ce projet de film, l'homosexualité de la tête d'affiche doit être un véritable rôle de composition. Absolument pas une réalité. Pour cette bonne raison il faut donc qu'elle empêche la liaison de son protégé de devenir publique. Par tous les moyens ! Et elle en explique la raison « si un acteur tenu pour hétéro joue un rôle de pédé, c'est noble mais s’il a un ami, ça n'est plus de l'art… c'est de la provocation. »

La mise en scène de Jean-Luc Revol fait d'abord ressortir combien le dialogue est brillant. Mieux, elle le souligne. Mais également, elle évite l'écueil d'un exhibitionnisme pouvant se situer entre le vulgaire et le graveleux quand les deux garçons vivent leur passion dans un lit. Arnaud Binard et Edouard Colin interprètent ces scènes délicates avec sobriété.

Julie Debazac donne à son personnage de fille facile un comportement plus spontané que pervers. Quant à Raphaëline Goupilleau qui passe d'une repartie ciselée à une autre, « je suis lesbienne, il est pédé. on est, dans le show-biz, le couple idéal », elle campe très efficacement la femme d'affaire mais elle ajoute au cynisme du personnage un humour qui passe la rampe avec bonheur.

C'est ainsi que le Tristan Bernard va passer un bel hiver.

Claude Chanaud 
(22/01/08)    



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Montreurs d'ours






Théâtre
Tristan Bernard
64 rue du Rocher
75008 PARIS

Réservation :
01 45 22 08 40


Adaptation :
Jean-Marie Besset


Mise en scène
Jean-Luc Revol


avec
Raphaëline Goupilleau
Julie Debazac
Arnaud Binard
Édouard Collin

Décor
Sophie Jacob

Costumes
Aurore Popineau

Lumières
Bertrand Couderc