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Photo © Cosimo Mirco Magliocca
Le mariage
de Figaro

ou La folle journée


de Beaumarchais



A la COMEDIE FRANÇAISE, la célèbre pièce de Beaumarchais dure trois heures. On n’en regrette pas une minute. Au XVIIIème siècle, Caron de Beaumarchais y fustigea une classe aristocratique à prétention intégrée car elle méprisait sans vergogne les classes populaires condamnées depuis des siècles à un labeur sans perspective valorisante ou à la servitude.

En 2007, la charge vis-à-vis de ceux n'ayant que "la peine de naître et rien de plus" n'a rien perdu de son analyse ni de son efficacité malgré des relations entre les classes sociales bien plus lissées qu'avant la Révolution. Après une première lecture, le roi Louis XVI et ses ultras jugèrent cette pièce détestable au point de pronostiquer : "Elle ne sera jamais jouée". Effectivement, elle était formidable pied de nez aux puissants et remise en question d'un ordre royal figé. Néanmoins –et malgré une censure vigilante – la première représentation eut lieu le 27 avril 1784. Et, record pour ces temps-là, tous publics mêlés, elle eut 68 représentations consécutives.

L'idée de libérer la femme de ce tyranneau domestique qu'était jadis le maître de la maisonnée, la recherche de la notion de bonheur qui était nouvelle pour l'époque et une permissivité libertine pour les deux sexes y apparaissent. La "Folle Journée" sous-titrant cette comédie contient tout cela qui en fit son authenticité et demeure sa modernité.

Le prétexte est apparemment simple : Figaro doit se marier avec Suzanne, mais cette dernière est poursuivie par leur maître commun, le Comte Almaviva, un nostalgique du droit de cuissage. Et les choses se compliquent car entre les amours des uns et les désirs soigneusement cachés des autres, tout un petit monde s'agite, bout, bouge et bouscule les préjugés sans pour autant faire cascader la vertu de ses héroïnes. Et tout en luttant pour conserver l'élue de son cœur, le valet Figaro, lutin astucieux et mystificateur, va vaquer à ses diverses activités, porter un jugement sur les abus de la société aristocratique qui opprime le peuple, décrire le ras le bol de sa condition, dire sa volonté d'être enfin reconnu puis exprimer son désir de se hisser dans cette hiérarchie sociale bloquée depuis des siècles.

Gaieté et satire vigoureuse sont donc au rendez-vous. Le public contemporain reste fidèle à cette fresque, à cheval entre le marivaudage et une prise de conscience pré-révolutionnaire, vraisemblablement pour les mêmes raisons que nos anciens. Et sans doute, également, parce que la démocratie dont nous nous parons n'exclut pas la vigilance.

S'ajoute à tout cela pour cette version 2007-2008 du Mariage de Figaro, la mise en scène enlevée de Christophe Rauk, un ancien de la troupe d'Ariane Mnouchkine. Ainsi que le décor léger d'Aurélie Thomas dont la porte de toile est une géniale trouvaille et les costumes de Marion Legrand qui dépassent avec bonheur le cadre pesant de certaines pièces historiques.

Pour cette comédie haut de gamme, la Comédie Française a opéré une heureuse sélection où les premiers rôles du valet et du comte sont indiscutables mais où les rôles dits "seconds" ne sont en rien secondaires. Au final, l'accompagnement des applaudissements le prouve. On les acclame tous.

Claude Chanaud 
(04/01/08)    



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Montreurs d'ours






Salle Richelieu
Place Colette / Paris 1er

Réservation : 0 825 10 16 80*
(*0,15 € la minute)

et sur le site du théâtre :
www.comedie-francaise.fr




Une pièce de
Pierre Augustin
Caron de Beaumarchais


Mise en scène
de Christophe Rauk

avec
Martine Chevallier
Anne Kessler
Michel Robin
Christian Blanc
Laurent Stocker
Michel Vuillermoz
Elsa Lepoivre
Bakary Sangaré
Gregory Gadebois
Benjamin Jungers
Prune Beuchat
Dominique Compagnon
Nicolas Djermag
Imer Kutllovei