Si tu mourais...

de Florian Zeller




Hypothèses pour une absence


Quand Pierre meurt, Anne s'interroge sur leur passé. Pour elle, la vie de son mari procédait du mystère justement à cause de certaines zones d'ombre et elle en conclut que ces dernières mènent à un secret. Laura peut-être.

Quand on sait que garder à l'ombre et mettre au secret ça peut être la même chose, on commence à se questionner sur les hypothèses de l'esseulée. Cependant, il faut aborder SI TU MOURAIS… de Florian Zeller en tenant compte de toutes les interrogations potentielles. Et elles sont nombreuses. De plus, la disparition du compagnon aimé fait de lui une ombre un peu plus dense que les autres. Surtout quand elle devient fantôme récurrent. On ne s'étonnera donc pas que les obscurités ou les clairs-obscurs de la vie de Pierre fassent basculer Anne de la mélancolie à l'inquiétude pour aboutir ensuite au chagrin le plus noir. Vilaine gamberge assurée.

Voilà une manière séduisante d'explorer les complexes relations d'un couple avec, en corollaire, la vie l'un sans l'autre. On est bien loin d'un amant dans le placard. On est plus près d'une analyse sans divan pianotée par Françoise Sagan. On est surtout au cœur des questions qui accompagnent nos amours. Et dont les ombres accompagnatrices vont se former à partir du moment où l'on décide de tout se dire. Le mot de TRANSPARENCE apparaît. Curieusement, Florian Zeller l'avait imaginé pour intituler sa pièce avant de choisir "SI TU MOURAIS… ".

Prétexte à la recherche de l'authenticité ou chasse aux zones sombres, l'addition des vérités peut aussi provoquer des interrogations sans fin ou des névroses sans solution.

Si l'on couronne ces énigmes de l'approche hugolienne : L'OMBRE, AUTRE FORME DU MAL, on sent bien que ce mot fourre-tout aux fascinantes facettes, accompagne sans tendresse le destin des hommes et taquine leurs éphémères certitudes. A la façon des doutes lancinants.

J'avais renoncé à fouiller cette approche romantique où l'imaginaire débridé n'est pas innocent. Et, si je n'ai pas trouvé dans SI TU MOURAIS… d'explications à d'anciennes cicatrices, j'y ai apprécié, en revanche, une approche subtile de la difficulté à vivre en couple ainsi qu'un évident bonheur d'écriture. Excellente mise en scène de Michel FAGADAU. Cette pièce fait l'objet d'une interprétation efficace et sobre de Catherine FROT, Robin RENUCCI, Bruno PUTZULU et Chloé LAMBERT. Lors de cette soirée, les amis qui m'accompagnaient me semblaient bien avoir dédramatisé leur part d'ombre. Mais sur la scène de l'avenue Montaigne, par le truchement de l'émouvante Catherine FROT, Anne ne peut pas en faire autant.

Elle ne demande que la Vérité.

Claude Chanaud 
(26/11/06)    



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Montreurs d'ours





Comédie des
Champs-Elysées

15, avenue Montaigne
75008 Paris

Réservation :
01 53 23 99 19

(Salle accessible
aux handicapés)





Mise en scène
Michel Fagadau


Avec
Catherine Frot
Robin Renucci
Chloé Lambert
Bruno Putzulu







le texte
est disponible
aux éditions
L'Avant-Scène

www.avant-scene-theatre.com