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Voyage au bout de la nuit

de
Louis-Ferdinand Céline


avec
Jean-François Balmer



Jean-François Balmer, comédien heureusement habité par son rôle, et Louis-Ferdinand Céline, l'écrivain dont la révolte humaniste est constamment en recherche de sens, sont tous les deux sur la scène du Théâtre de l'Œuvre. Cette rencontre en un seul personnage est évidemment la performance du premier et elle mérite d'être soulignée car le talent de l'un s'additionne à celui de l'autre Et il n'y a pas de retombées collatérales fâcheuses pour un spectateur exigeant.

Ainsi, l'octogénaire Voyage au bout de la nuit confirme le cheminement désolé d'un Bardamu plutôt gentil dans lequel chacun d'entre nous retrouve, au-delà d'une description sans fioritures des années 1930, une résonance profonde, une vraie souffrance, des émois ou des cicatrices. Le style époustouflant de Céline mérite évidemment mieux que cet hommage car il a hissé son cri de désespérance vers le haut de gamme de l'expression littéraire dans l'univers chahuté du XXe siècle. Son texte nous touche toujours très fort aujourd'hui et bien au-delà des faits évoqués. Heureusement, il n'inclut pas d'insupportables dérapages tels que les pamphlets antisémites à venir.

Tout simplement, cabossé par son entrée dans la vie, le héros célinien va vous émouvoir à nouveau très profondément tout en pérégrinant à travers trois continents.
Fallait-il encore trouver l'interprète capable de donner à ce texte toute sa dimension et sa crédibilité. Mais Jean-François Balmer dont les apparitions au théâtre sont généralement de touchantes interprétations est tombé lui aussi amoureux de ce voyage dont chaque mot participe d'un camaïeu inquiétant dans les gris d'un ciel plombé.

Il faut donc dire aux lecteurs d'Encres Vagabondes combien ce texte, qui a gardé une étonnante force alliée à une remarquable prestation, est un événement de la saison théâtrale. Cependant, il faut aussi préciser que l'adaptation de Nicolas Massadau fut essentielle pour ce projet car elle a fait ressortir le caractère universel du Voyage au bout de la nuit, sans le trahir.

On doit également à Françoise Petit une mise en scène efficace où elle a laissé la densité naturelle de la dramaturgie passer la rampe sans avoir besoin d'être soulignée. Et elle a heureusement campé le décor modeste à un minimum qui convient à l'homme errant dans les nuit de Paris ou celles des ailleurs africains et américains de Louis-Ferdinand.

Voilà une authentique et talentueuse évocation à vivre durant cette saison 2012-2013. Et si vous ne pouvez pas l'inclure dans vos projets festifs de fin d'année, vous la trouverez en 2013 pour connaître un bonheur de scène se révélant pour l'amateur un véritable passage obligé.

Claude Chanaud 
(15/12/12)    



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Montreurs d'ours








Théâtre de L'Œuvre

55, rue de Clichy
75009 Paris



D'après l'œuvre de
Louis-Ferdinand Céline

Mise en scène
et scénographie
Françoise Petit

Avec
Jean-François Balmer

Adaptation
Nicolas Massadau

Images
Tristan Sebenne

Lumières
Nathalie Brun

Son
Thibault Hédoin

Production
Les Gémeaux / Sceaux
Scène Nationale

&
Théâtre de l'Œuvre




Louis-Ferdinand Céline
Voyage au bout de la nuit

Prix Renaudot 1932