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Cher menteur



d'après la correspondance
de Béatrice Stella CAMPBELL
et Bernard SHAW






Histoire d'une mutuelle séduction
aussi raffinée que dénuée d'espoir



La fascination de deux êtres l'un pour l'autre n'initie pas toujours le bel amour et peut très simplement être le vecteur modeste d'une relation s'inscrivant dans le fusionnel d'un moment. Voire dans un opportunisme qui reste sans suite par définition. Les amours de vedettes à paillettes et autres célébrités éphémères illustrent ces rencontres dont une certaine presse fait son miel.

Mais quand les deux protagonistes ont chacun un très réel talent mis en valeur par une brillante personnalité et que, de plus, ils inscrivent leur fascination réciproque dans la durée, on peut assister à un étonnant et séduisant duo du style "je t'aime moi non plus".

C'est le fort brillant sujet de la comédie Cher menteur dont le charme opère depuis un demi-siècle et que Régis Santon vient de mettre en scène au Théâtre La bruyère.

Vous pouvez ajouter dans la corbeille des deux "non mariés" de ce couple de théâtre que les protagonistes authentiques de cette aventure étaient d'une part une célèbre comédienne dont le nom était Béatrice Stella Campbell et d'autre part le talentueux dramaturge Bernard Shaw. Ils ont effectivement laiss à la postérité quarante années d'une correspondance aussi spirituelle que porteuse de dérision. Son adaptation pour la scène est due à Jerome Kilty (décédé à 90 ans le 6 septembre 2012).

Cerise sur ce gâteau, c'est dans les années cinquante que Jean Cocteau a francisé l'adaptation de cette dramaturgie issue d'un échange épistolaire.

Espacés sur le temps d'une vie, les dialogues entre l'auteur et la comédienne révèlent un combat permanent sur fond de séduction où l'humour truffe fort heureusement les passages d'essence mondaine. Cette escrime à fleurets non mouchetés ainsi que la fulgurance de certaines pensées n'excluent pas un égocentrisme permanent des deux partenaires. Les spectateurs ne sont évidemment pas dupes de leurs calculs nombriliques mais ils rient, s'attachent aux personnages et succombent à leurs charmes. Le signataire qui avait vu la pièce avec Pierre Brasseur et Maria Casarès l'a revue avec un évident plaisir ce 20 septembre 2012.

Hommage rendu non seulement au metteur en scène mais également à Francine Bergé et Marcel Maréchal qui assument brillamment un héritage incontestablement difficile. Elle a la présence qu'impose le rôle d'une "très grande comédienne" et l'art d'interpréter en souplesse et rapidement les différents âges de sa vie. Quasiment sous nos yeux ! Et lui donne une interprétation crédible au matois personnage qu'est ce Bernard Shaw tel qu'on l'imagine encore un siècle plus tard. C'est sans doute une de ses meilleures créations des récentes années.

De plus, ils s'avèrent tous les deux aussi élégants que leurs personnages sont lucides.

Claude Chanaud 
(23/09/12)    



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Montreurs d'ours













THEATRE LA BRUYERE

5, rue La Bruyère
75009 Paris

Location :
01 48 74 76 99



Adaptation
Jerome Kilty


Traduction
Jean Cocteau

Mise en scène
Régis Santon


avec
Francine Bergé
et
Marcel Maréchal


Costumes
Catherine Gorne Achdjian


Lumières
Laurent Béal