Retour à l'accueil du site | ||||||||
Dialogues aux Enfers Machiavel / Montesquieu d'après Maurice Joly
À ma gauche, Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de
Montesquieu, écrivain et moraliste du XVIIIe siècle. C'est un rationaliste
d'esprit et un modéré d'opinion qui veut tirer de l'Histoire une
philosophie de l'Histoire. Il est notamment l'auteur de L'esprit des lois.
À ma droite, Niccolò Machiavelli dit Machiavel qui défendra
au XVIIe siècle des très puissants de son époque et qui
argumentera la ruse et le déguisement de la pensée pour les gens
de pouvoir dans Le Prince ou Discours sur l'art de la guerre. Nous ne sommes pourtant pas sur un ring mais sur une scène de théâtre
où, revu et adapté, ce synthétique texte de Maurice Joly
arbitre un imaginaire combat d'idées entre les deux champions précités
qui vont défendre leurs conceptions du pouvoir, de sa philosophie, de
son exercice et de ses limites. Pour la vraisemblance de la rencontre, cet exercice va se situer aux enfers
où, selon lui, se retrouvent ceux qui sont partis pour la nuit des temps.
Les deux intellectuels se rencontrent, se congratulent, s'opposent et vont échanger
non sans passion sur la manière souhaitable de diriger un peuple. Et,
non seulement ils s'empoignent parfois l'un l'autre au-delà des mots,
mais ils s'effraient ensemble de lumières étonnantes. Hantises
d'un pouvoir sans limite ou peur de la naissance d'un système populaire
sans garde-fou, elles ne sont peut-être que flashs récurrents de
leurs pensées, de leurs idéologies et de leurs combats sur terre.
Reste que le machiavélique Niccolò continue à mixer la
poigne et la ruse tout en admettant que ce n'est pas la violence qui restaure
mais celle qui ruine qu'il faut condamner et que les villes où
les peuples gouvernent font des progrès en peu de temps. Face à
lui, Montesquieu, homme d'ordre et de méthode n'échappe pas non
plus à l'ambiguïté car s'il s'inscrit contre les privilèges
royaux, il n'est pas pour autant le défenseur d'une réelle égalité.
Néanmoins, des politiques comme Babeuf et Marat puiseront dans ses textes
et la séparation des pouvoirs qu'il invoque reste à la base de
nos idéaux républicains. N'en déduisez pas un match nul. La nécessité d'une opposition à tous les pouvoirs finit
par gagner, y compris quand les gouvernements passent de la force brutale à
une manipulation aussi feutrée que systématique. La preuve en
est flagrante quand, sur la scène, Machiavel cite souvent Montesquieu
et pas le contraire. Et qu'autour de nous, aujourd'hui, les despotes
utilisent souvent le langage des pays démocratiques. Les exemples contemporains
ne manquent pas. L'échange verbal dans ce spectacle est fort brillant, clair et très
heureusement démonstratif. Les multiples allusions aux graves problèmes
du moment, externes à nos frontières comme intérieurs,
soulignent la nécessité de la vigilance citoyenne et l'intérêt
évident d'un spectacle pas comme les autres. À savourer avant d'aller voter. Claude Chanaud |
Sommaire Montreurs d'ours CINÉ 13-THÉÂTRE 1, avenue Junot 75018 PARIS (Métro Abbesses ou Lamarck Caulaincourt) Location : 01 42 54 15 12 D'après un texte de Maurice Joly Adaptation de Revisitée par Mise en scène Avec Le texte (et le DVD) sont disponibles chez L'Harmattan 70 pages - 11 € DVD 15 € |
||||||