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L'Échange


de Paul Claudel





Les premières représentations de cette pièce du répertoire datent de l'année 1893. Et cette recherche infiniment poétique concernant la mystérieuse alchimie des amours et la fragilité des couples s'accompagnait d'un évident lyrisme qui n'est pas très souvent l'accompagnateur naturel des pulsions humaines. Notamment quand les couples connaissent le temps des crises faute du souhaitable temps des cerises. Le E qui, les différencie n'est (hélas) pas celui de l'hésitation !

Les protagonistes de cette dramaturgie étaient sans aucun doute… et déjà… de ces personnages modernes qui vont jusqu'au bout de leurs idées et qui ne transigeront pas. Quel que soit leur destin. D'où le problème représenté sur la scène.

Cependant un grand nombre de spectateurs sont restés très distanciés de cette manière sophistiquée de faire vivre l'émotionnel réel ; celui qui demeure éloigné du bel amour qui doit durer toujours. Et qui est aussi loin de ces limites que chacun de nous refuse inconsciemment.

Le metteur en scène Xavier Lemaire a choisi de nous présenter une seconde version qui date de 1951 et à laquelle le public des années 2000 adhère beaucoup plus facilement. La spontanéité des réactions lors de cette première le prouve. Il n'y a eu aucune ambiguïté dans les applaudissements à cette moderne mouture.

En fait, l'éternelle insatisfaction concernant la vie en couple pousse à un examen sans faiblesse du système vécu à deux et, dans le même temps à une traduction théâtrale crédible. Voilà qui est fait grâce à l'opportune reprise de L'Échange ! Jalousie, possession, générosité, dévouement, affrontement, fuite en avant et réalisme sordide, tout y est.

Pour les amateurs de la recherche psychologique concernant les aventuriers du "vivre ensemble quoiqu'il arrive" ou pour les pratiquants d'une éphémère volonté d'indépendance voire d'un "pousse au crime" libérateur, Paul Claudel demeure l'analyste, à la fois rigoriste et toujours navré de nos pulsions. Il suit Racine, repousse Musset et précède Freud. De plus, le coin désertique et sauvage de la Caroline du Sud où il plante son décor ainsi que le climat propre à cette zone géographique exacerbent les comportements de ses personnages qui atteindront très vite leur point de non retour.

Grâce à Isabelle Andréani, Gaëlle Billaut-Danno, Grégori Baquet et Xavier Lemaire qui est également participant du présent casting le caractère universel de ces tensions de couples va ressortir brutal, définitif et exemplaire. Cette belle soirée d'accompagnement lucide est à votre portée.

Les prestations de la compagnie Les Larrons sont de grande qualité. Aujourd'hui, pour les amateurs des textes de réflexion concernant nos comportements instinctifs, ils donnent au Théâtre Mouffetard un vrai bonheur de scène.

Claude Chanaud 
(04/06/11)    



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Montreurs d'ours






Théâtre Mouffetard

73 rue Mouffetard
75005 PARIS

Réservation :
01 43 31 11 99


Mise en scène
Xavier Lemaire


avec

Isabelle Andréani
Grégori Baquet
Gaëlle Billaut-Danno
Xavier Lemaire

Costumes
Virginie Houdinière

Décors
Caroline Mexme

Lumières
Didier Brun

Musique
Régis Delbroucq

Assistant mise en scène
Michael Gaudeul






Compagnie
Les Larrons