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William SHAKESPEARE

Tout est bien qui finit bien


Cette comédie fantaisiste dont William Shakespeare fut l'auteur d'origine s'inscrit évidemment hors de la lignée célèbre et bien connue de La nuit des rois, d'Hamlet ou d'Othello. Peu jouée jusqu'à ce jour, y compris même par certains aficionados de ce dramaturge auquel ils donnent familièrement le diminutif de "Shaque", elle possédait dès sa conception une incontestable modernité. Aujourd'hui, elle en apporte la preuve au Théâtre 14 - Jean-Marie Serreau.

Le texte original ironisait sur les comportements et les discours des puissants d'une époque intervenant en fonction de leurs caprices du moment sur le destin de populations sous informées. A côté d'un roi de France un peu vérolé, d'un traître systématique et de courtisans calculateurs, les archétypes de fourbes ne manquaient pas à cette démonstration comprenant également une fillette amoureuse pratiquant la duplicité pour arriver à ses fins.

Aujourd'hui, l'adaptation réussie de Tout est bien qui finit bien par Pierre Beffeyte met en relief la vanité de ces incitations ou ces homélies souvent creuses ayant en permanence accompagné l'Histoire. Faire ressortir la face cachée des individus sous le couvert d'une "vis comica" qui cousine avec celle de Pierre-Henri Cami, ou plus récemment des Monty Python, n'est certes pas nouveau sur les scènes françaises mais, avoir heureusement mixé la logorrhée de ces hommes de cour avec la concision des dialogues contemporains, provoque un rire rejoignant avec bonheur un univers situé entre la dérision et l'absurde. Et tout ça passe la rampe avec efficacité.

De plus, Pierre Beffeyte a su donner à sa mise en scène le rythme cavalcadant qui convient à une parodie où le burlesque va à l'essentiel sans précautions accompagnatrices mais pas sans arguties révélatrices. Il n'y manque même pas un cheval de bois caracolant auprès d'un chevaucheur encore plus débridé que sa monture.

Ainsi, le répertoire shakespearien se marie heureusement avec une autre manière jubilatoire à la française car l'humour de l'un se complète là de l'humeur des autres. Il n'y a donc pas d'opposition entre les deux puisque nous y percevons une complémentarité.

Concernant la modernité de William Shakespeare, vous trouverez ci-dessous le témoignage d'Arthur Nauzyciel, grand connaisseur de sa dramaturgie Je le cite : "Il n'est pas notre contemporain mais il possède une conscience du monde telle qu'il semble anticiper sur les questions que l'on se pose aujourd'hui. Pour moi ses pièces sont comme des modes d'emploi pour les générations futures."

L'hypocrisie des langues de bois étant maintenant soigneusement décryptée et mise à jour, les spectateurs savourent combien cette reprise est une critique restée fort actuelle de la comédie humaine. Notre histoire fourmille d'exemples depuis cette époque jusqu'aux contemporains dérapages des hommes politiques qui sont le miel des commentateurs et des chansonniers. "Ad gloriam majorem Dei" concluent les ensoutanés qui bottent en touche sur les sujets sensibles.

Aujourd'hui les langages des gens de pouvoir sont soigneusement analysés afin que l'on perce mieux leurs mobiles profonds. Cependant Romain Bouteille, dont la prestation de "fou du roi" dans cette hénaurme comédie doit être soulignée, avait proposé dans Misère Intellectuelle une très percutante conclusion qui devrait rendre beaucoup plus modestes et prudents les donneurs de leçons incitant aux cheminements moutonniers : "Au final, l'intérêt seul décide où sera la morale."
C Q F D

Claude Chanaud 
(20/03/11)    



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Montreurs d'ours













Théâtre 14
Jean-Marie Serreau


20 av. Marc Sangnier
75014 Paris

Location :
01 45 45 49 77


Mise en scène
et adaptation
Pierre Beffeyte

Décor
Jean-Martial Dubois

Costumes
Audrey Losio

Avec
Rachel Arditi
en alternance avec
Alexandra Chouraqui
Romain Bouteille
Julia Duchaussoy
Sébastien Finck
René-Alban Fleury
Christophe Guillon
Emmanuel Guillon
Franck Lorrain
Estelle Simon
Benoit Soles

en alternance avec
Maxime d'Aboville
Chantal Trichet
Yvan Varco