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Photo © Giovanni Cittadini Cesi

Encore un tour de pédalos

(Je hais les gais)




d'Alain Marcel








Yoni Amar… Juif de je ne sais où, Philippe d’Avilla… Français de souche, Steeve Brudey… Noir d’Afrique et Djamel Mehnane… Arabe du Maghheb, accompagnés par Stan Cramer… pianiste blanc mais aussi talentueux dans le rythme que dans la mélodie… si ! si ! si ! sont des comédiens qui chantent bien. Comme d’Artagnan et sa bande sous le règne de Louis XIII, ces quatre garçons se battent en chansons pour défendre leurs idées ainsi que leur marginalité et, à la façon cavalcadante d’Alexandre Dumas, ils le font avec un brio à souligner et un talent évident.

De plus, ils pratiquent un humour décapant qui couronne leur prestation au Théâtre du Rond-Point. On retrouve ainsi la patte d’Alain Marcel, créateur du spectacle, dont les mises en scène d’opéras et de comédies musicales sont heureusement marquées des mots appris de sa mère et des notes léguées par son père. Ce mariage de complémentarités heureuses en a fait une sorte de super doué des spectacles bien troussés où la musique accompagne le texte à la manière d’une transcendance. Bonheur de scène !

Dans le feu de mon ravissement, j’allais oublier de préciser que ces talentueux défendent ainsi une homosexualité pas plus visible de l’extérieur que la cicatrice de mon appendicite. Cette différence dans les comportements amoureux est assumée ici de manière tout à fait simple. Et elle est accompagnée des épices d’une provocation nécessaire sans l’outrance dont certains travestis usent avec un excès qui n’est pas représentatif.

Les traditionnels ennemis de ces nouveaux Mousquetaires ne sont plus les Gardes du Cardinal de Richelieu mais la plupart du temps des ensoutanés bornés ou des intellectuels de broussailles professant l’étroitesse de pensée des cerveaux armés de certitudes. Ces empêcheurs de penser sans contrainte et de laisser vivre agissent généralement au nom d’un Dieu préférant certaines de ses créatures à d’autres, (curieux papa que ce papa-là !!!) d’un rejet imbécile de l’individu singulier par rapport à son environnement ou d’une conviction politique autoritaire telle que le XXe siècle en a fourni à l’Occident pour de très regrettables aventures.

Il faut rappeler aux prétendants d’un Occident blanc, chrétien et très sévère aux marginaux de toutes obédiences, que nous avons depuis longtemps quitté le temps de l’Inquisition et qu’en revanche nous restons très lucides sur la férocité de certains états du monde où l’on tue encore celui que l’on appelle "pédé" et où on lapide la femme dite "adultère" sous le couvert d’une parodie de justice.

Là, Alain Marcel frappe très fort car au-delà d’une autodérision modèle et d’un rire décapant jusqu’à l’os, on ressent encore de nos jours combien l’intransigeance de pensée devant des êtres humains qui ne sont que différents peut devenir outil de rejet et extermination finale. A la façon des camps nazis et des goulags soviétiques.

Ce très charmant spectacle musical est donc un véritable réquisitoire contre les procureurs de la tradition. La dernière scène met l’émotion à son comble. Individus privilégiés de notre époque, démocrates sincères, Tibétains défendant leurs coutumes, Iraniens en exil, homos de mœurs libérées ou aspirants à la pensée libertaire, soyez attentifs aux messages chantés des quatre Pédalos. Il s’agit toujours du même combat où les marginaux trinquent quand le consensus mou fait la sieste de la pensée critique et de la Résistance nécessaire.

La salle Tardieu du Théâtre du Rond-Point est devenue un passage obligé de notre vigilance. Jusqu’à fin décembre 2010 avec une reprise à partir du 18 janvier 2011 au voisin théâtre Marigny. Voilà une soirée à ne pas manquer sous le fallacieux prétexte que le petit Jésus va coucher sur la paille d’une étable la veille de Noël. Dans certains états du monde actuels, de nombreux marginaux et autres prisonniers d’opinion dorment également sur celle des cachots et plutôt mal ! En attendant le pire.

Claude Chanaud 
(04/12/10)    



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Montreurs d'ours










© Stéphane Trapier

Théâtre
du Rond-Point


2 bis, avenue
Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Location :
01 44 95 98 21




Spectacle écrit,
mis en musique
et mis en scène
par Alain Marcel


Avec
Yoni Amar
Philippe d'Avilla
Steeve Brudey
Djamel Mehnane


Arrangements
et piano
Stan Cramer

Lumières
Pierre Peyronnet

Costumes
Jef Castaing

Chorégraphie
Mary-Laure Philippon

Son
Hervé Lombard