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Photo © Manuel Pascual

AVIGNON 2010


Ernesto Che Guevara,
la dernière nuit



de
José Pablo FEINMANN



Évolution avec un R en tête


Bien après qu’Albert Camus et Jean-Paul Sartre aient marqué de leurs interrogations et de leurs engagements les gens de ma génération, ceux de la suivante ont élevé des statues à d’autres leaders charismatiques qui représentaient à leurs yeux neufs une politique souhaitable au service d’un progrès de partage ; voire d’un "mieux vivre ensemble".

Che Guevara dont le portrait orna de nombreuses chambres adolescentes fut sans doute un des plus marquants dans les années soixante. Le Théâtre du Chêne Noir a eu l’excellente idée de le faire revivre avec son idéal révolutionnaire et, également, de lui enlever son auréole romantique car il est surtout exemplaire d’un choix sans concession dans le très ancien dilemme :

Faut il refaire le monde au fil du temps en pratiquant de longues
et patientes négociations… ou tout de suite par la violence ?

C’est en partant de la pièce La dernière nuit de José Pablo Feinmann que le metteur en scène et scénographe Gérard Gélas a réussi le pari d’un retour du Che dans notre actualité du XXIe siècle, car elle pose, encore et toujours, la question essentielle qui, jadis en France, opposa Danton et Robespierre.

Mais par la magie de la création théâtrale, nous sommes en Bolivie où le Che va vivre la nuit précédant son exécution. Les questions de son choix et de sa méthode vont y être revisitées sous l’angle de la provocation : en face du révolutionnaire bolivien et de son message un journaliste humaniste veut comprendre cette violence récurrente qui jalonne les siècles.

L’échange entre les deux est effectivement passionnant car le charisme y préside et, de plus, Olivier Sitruk et Jacques Frantz y échangent brillamment dans des dialogues fort intelligents. Au sein d’une équipe convaincante, ils donnent donc à leurs deux personnages une crédibilité rare qui s’ajoute à la force des arguments. Voilà un spectacle où les circonstances tragiques de La dernière nuit nourrissent une réflexion nécessaire.

Dans cette symbolique où l’évolution souhaitée se fait précédée du R qui la fait devenir Révolution, l’Histoire des Hommes s’inscrit cahotante, dense, tragique, émouvante et sans doute nécessaire dans ses errances puisque nous n’avons jamais su faire autrement.

Voilà un bonheur de scène à voir et à entendre.

Claude Chanaud 
(16/07/10)    



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Montreurs d'ours







Théâtre
du Chêne Noir

8 bis rue Sainte-Catherine
84000 Avignon

Réservation :
04-90-82-40-57




Traduction et adaptation
Marion LORAN


Mise en scène,
scénographie,
lumière
Gérard GELAS



Avec

Olivier SITRUK,
Che Guevara

Jacques FRANTZ,
Andrès Cabreira,
Fidel Castro…

Laure VALLÈS,
Aleida …

Guillaume LANSON,
Gary Prado …

François SANTUCCI,
Eduardo Huerta…