Retour à l'accueil du site





Un fil
à la patte


de Georges FEYDEAU



On ne peut plus interpréter une nouvelle fois un vaudeville de Georges Feydeau sans ajouter une part de soi-même, mettre un peu de sa patte, c’est à cela que s’applique Anthony Magnier avec sa mise en scène d’Un fil à la patte au Théâtre 14. Cette pièce, créée le 9 janvier 1894 au théâtre du Palais-Royal, n’arrive pas à vieillir et traverse le temps en changeant de mise en scène comme de chemise.

Pour le décor, il est des plus dépouillé : un grand rideau transparent, deux lustres et des chaises, beaucoup de chaises. Nous n’avons par contre pas les portes indispensables à tous les vaudevilles de Feydeau, ces portes qui claquent et claquent encore ; ces portes par lesquelles on s’enfuit, on apparaît soudainement, etc. Pour pallier à ce manque de boiserie, les acteurs nous indiqueront par une vague imitation volontairement comique, l’instant où les portes grincent, se ferment en claquant ou s’ouvrent dans un bruit discret de gonds mal huilés.

Juste avant le spectacle, venant du fond de la salle, Eugénie Ravon, nous offre un hors texte improvisé et plein d’humour dans lequel elle interpelle ses camarades et les spectateurs « Allez-y, ne vous gênez pas, commencez sans moi ! Laissez-moi dehors dans le froid ! ». Sans doute une manière de rajouter une part de son talent dans son mince rôle de simple sœur de l’héroïne Lucette admirablement interprété par Marie Le Cam.

Le jeu des acteurs, celui de Lionel Pascal*, l’amant de Lucette et futur époux de Viviane (Agathe Boudrière) ; celui de Mikaël Taïeb, M. Bouzin chansonnier et clerc de notaire ; celui d’Anthony Magnier**, l’impétueux Général à l’accent inidentifiable ; leur jeu, disais-je, est volontairement excessif, mais fabriqué de cet excès qui donne une vision, caricaturale certes, mais bien nette des personnages qu’ils incarnent. « Il faut savoir exagérer pour dévoiler une part de la vérité. » (Proverbe chinois). On pourrait d’ailleurs qualifier sans aucun esprit critique la pièce de vaudeville guignolesque avec également parfois dans la scénographie des visions surréalistes.

Pour marquer la fin de chaque acte, les acteurs se déchainent (littéralement) en dansant, baignés d’une lumière tamisée, sur des musiques de rock et une chanson endiablée de Dario Moreno.

Avec cette alchimie réalisée par les acteurs et le metteur en scène, les rires sont assurés et la réaction de la salle est là pour prouver que rien n’a été laissé au hasard par Anthony Magnier pour extraire de ce célèbre Feydeau tout le comique qu’il recèle.

David Nahmias 
(30/11/16)    

* Ce rôle est interprété en alternance avec Stéphane Brel. J’ai assisté à la version Lionel Pascal.

** Rôle également interprété en alternance avec Julien Jacob. J’ai assisté à la version du metteur en scène.



Retour
Sommaire
Une loge
pour le strapontin












Théâtre 14


20 av. Marc Sangnier
75014 Paris

Location :
01 45 45 49 77



Mise en scène
Anthony Magnier

 Avec
Marie Le Cam
Stéphane Brel
ou Lionel Pascal
Solveig Maupu
Agathe Boudrières
Eugénie Ravon
Gaspard Fasulo
ou Xavier Marte
Xavier Clion
Mikael Taieb
Anthony Magnier
ou  Julien Jacob

Création lumière
Marc Augustin-Viguier

Costumes
Mélisande de Serres