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Alfred JARRY

Ubu roi



Le 10 décembre 1896, à la première d’Ubu roi, au Nouveau-Théâtre, les spectateurs sont scandalisés. Quel est le sens de cette guignolade nigaude et cruelle avec son arsenal d’expressions grasses et irrévérencieuses ? A la suite d’une présentation inaudible d’Alfred Jarry, le monde idiomatique du Père Ubu est né.
Devenu un classique du théâtre, c’est aujourd’hui au tour de La compagnie du puits qui parle de le revisiter sur la scène du Lucernaire.
Alors, accrochez-vous ! On a tout d’abord sous les yeux un plateau dépouillé où trône un genre de baraque de foire à l’intérieur de laquelle, face au public, trois marionnettes humaines s’installent. Au ras de la cabane, une télé à écran cathodique des années 70 est réservée aux flashs d’information du futur roi Ubu à l’attention de son peuple.

En compagnie du félon Bordure et sous l’influence de Mère Ubu, Père Ubu conspire pour renverser Venceslas, roi de Pologne. Lors d’une revue militaire, au signal de « Merdre ! », le souverain est assassiné.
Ubu devenu roi, il lui faut réformer. Enrichir son royaume. Alors, il épure. Fait le ménage. Les nobles sont passés à la trappe afin qu’ils chutent dans les « sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-sous, où on les décervèlera. » Les magistrats ne vont plus être payés et les pauvres déjà plombés d’impôts vont voir arriver Ubu et son « voiturin à phynances » pour les pressurer un peu plus et, si résistance, on massacre.
Mais attention à Bougrelas le fils du souverain mort, au « Czar » de Russie et surtout à Mère Ubu qui a mené en bateau son nigaud naïf de mari en lui volant tout son argent.

Sabrine Amengual, Michaël Egard et Valéry Forestier, en une succession de gags croquignolesques, nous content l’épopée du Père Ubu. Le rythme est soutenu et, ces comédiens-troncs, en parallèle dans la cabane, déclenchent mille et un clins d’œil inventifs. Entre pitrerie et iconoclaste. Comme ces bruitages vocaux aux tonalités musicales de Thierry la Fronde ou autre Sergio Leone ou ce panier à salades sur la tête en guise de casque.
Il y a cette jolie scénette avec un travail sur le silence, travail du buste, des yeux, des mimiques d’un comédien-tronc-soldat qui, seul sous les spots et un mug à la main « petit-déjeune » avec ses biscuits au chocolat en attendant la suite.

Du bon sens et un beau travail de mise en scène de Valéry Forestier et l’on a parfois le sentiment d’entr’apercevoir une autre facette du Père Ubu : celle de l’image d’un enfant occupé à jouer avec ses soldats de plomb. Cruel, il ne tue pas, il s’amuse avec sa panoplie « d’instruments de soumission » à parfaire son royaume.
On rit. Et on est vite conquis par ce spectacle où les lumières contribuent à ajouter de la précision aux faciès de ces comédiens-marionnettes.

Une belle performance de La compagnie du puits qui parle soutenue par le Théâtre d’art et d’essai du Lucernaire. Encres Vagabondes encourage à son tour cette énième version d’Ubu Roi qui vaut le passage par la rue Notre-Dame-des-Champs.
Dernière séance le 5 juin pour une rencontre des comédiens avec le public.

Patrick Ottaviani 
(07/05/15)    



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Théâtre du Lucernaire


53, rue N.-D. des Champs
75006 PARIS

Location :
01 45 44 57 34



Mise en Scène
Valéry Forestier

Avec
Sabrina Amengual
Michaël Egard
Valéry Forestier