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Henrik IBSEN


La Dame de la Mer


Adaptation
Eric-Emmanuel SCHMITT




Comme souvent chez Ibsen, un décor paisible est planté, ici la maison du docteur Wangel (interprété par Jacques Weber) et son salon d'été éclairé par la lumière polaire… Pinceau à la main, toile sous les yeux, Ballested, ami de la famille, (interprété par Jean-François Lapalus) est en train de peindre le fjord en contrebas, tandis que Bolette et Hilde, (Ninon Brétecher et Chloé Chaudoye, une vraie fraîcheur) les filles du docteur, préparent l'anniversaire de leur mère (ou de leur belle-mère ?).
Un jeune homme de santé fragile (interprété par Antoine Quintard) flirte avec les jeunes filles… Et voilà qu'arrive en ce doux salon estival Arnholm (interprété par Jean-Claude Durand) ancien précepteur de Bolette perdu de vue à qui Wangel a demandé de revenir.
Ne manque plus à l'appel que le personnage central, Ellida (Anne Brochet, superbe) fille d'un gardien de phare et seconde épouse de docteur Wangel, belle-mère de Bolette et Hilde.

Le décor installé, on comprend très vite qu'Ellida, est troublée. Toutes ses attitudes, toute sa relation à l'autre le dénote. Pathétique, névrosée, elle est là, sans y être, enfermée aux confins de l'indicible par la lourdeur d'un secret qui la pétrifie. En elle, vivent les courants du souvenir à la fois tyrannique et hypnotique de Friaman (interprété par Laurent Fernandez), ce marin qu'elle connût jadis et avec lequel elle est liée par le serment d'une alliance païenne symbolisée par deux bagues enlacées jetées à la mer.
Secret qu'elle va dévoiler à Wangel son mari. Dès lors, crescendo, la quiétude ambiante va tendre vers le dramatique.

La Dame de la Mer n'est pas un pur classique du répertoire d'Ibsen. On y retrouve malgré tout, une fois n'est pas coutume, son interrogation de la psychologie féminine avec en sous jacence les légendes folkloriques de son pays. Ellida est de l'océan, c'est de là qu'elle vient… elle est la Dame de la Mer.

Il y a une volonté avant-gardiste et résolument moderne chez le dramaturge norvégien. Son héroïne est prise dans cette alternative: être libre, s'émanciper, partir en compagnie de Friaman venu la rechercher ou bien vivre dans l'enfermement ouaté de la maison de Wangel.
Et puis, une palette d'angles de vue troublants, épaississent le mystère de ce petit cercle familial et amical. Comme l'amour ancien d'Arnholm pour Ellida ou l'incommunication entre la mère et ses deux belles filles… Enfin, il y a cette peur récurrente qui ronge l'âme d'Ellida, "une peur si horrible, que me semble-t-il, la mer seule peut la détenir".

L'adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt pour le Théâtre Montparnasse a su donner un côté alerte à cette pièce empesée d'une sourde lamentation mélancolique. De même, un Jean-Romain Vesperini dont la mise en scène, tout en sagesse, est conforme à l'univers d'Ibsen.
Les éclairages sont soignés. Les décors sobres, simples.
La Dame de la Mer est une pièce optimiste avec une fin qui est comme un beau rayon de soleil.

Patrick Ottaviani 
(29/11/13)    



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Théâtre Montparnasse

31, rue de la Gaîté
75006 Paris

Métro : Gaîté
ou Edgar Quinet

Réservation :
01 43 22 77 74







Mise en scène
Jean-Romain VESPERINI

Avec
Jacques WEBER
Anne BROCHET
Jean-Claude DURAND
Ninon BRÉTÉCHER
Chloë CHAUDOYE
Laurent FERNANDEZ
Jean-François LAPALUS
Antoine QUINTARD

Décor
Emmanuelle ROY

Costumes
Sonia BOSC

Lumières
Christophe CHAUPIN

Assistante
mise en scène
Nikolitsa ANGELAKOPOULOU