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Photo © LOT
Le dernier venu

de
Roger Défossez




On se méfie toujours du premier venu ; combien de mères ont mis en garde leurs enfants pour qu’ils ne parlent pas au premier venu. C’est pour cela que Ponpon, SDF au passé pas complètement défini, précise très vite à Patricia, une préadolescente que ses amis surnomment Pâtes-aux-gratin, qu’il n’est pas le premier venu mais le dernier… et que de toute façon après lui viendront d’autres derniers venus.

La rencontre entre le vieil homme et l’enfant se produit lorsque Ponpon vient s’installer avec tout son barda au pied de l’immeuble où habite la jeune fille. Entre ces deux personnages aux univers totalement étrangers va s’établir une relation particulière qui vacille entre amitié, amour et fraternité… La liberté, l’égalité ont des règles… c’est facile… Pour la fraternité c’est plus compliqué, plus rare ! nous précise Ponpon.

On comprend vite que pour Ponpon cette vie de SDF n’est pas une fatalité mais un choix, d’ailleurs il montre à la jeune fille un trousseau de clefs qu’il conserve toujours et qui devrait ouvrir les portes d’un appartement douillet quelque part dans une vie antérieure… La sienne !

Entre ce duo improbable, né sous la plume de Roger Défossez, des dialogues percutants et sans pathos : de l’humour, des répliques qui nous atteignent pour mieux nous faire réfléchir à la vanité de toute chose, de l’émotion, de la sensibilité.

La jeune fille traverse elle aussi un moment délicat de sa vie, ses parents divorcent, elle se retrouve seule avec sa mère. La tendresse qu’elle ressent pour Ponpon lui donne de l’espoir, des idées. Elle va s’évertuer par un travail de parfaite entremetteuse à provoquer une rencontre entre son ami le SDF et sa mère délaissée. Très vite, notre aventurier de la misère se retrouvera à nouveau recadré dans le monde sans marge de la petite bourgeoisie.

Je vous laisse découvrir, en allant voir Le dernier venu au théâtre Essaïon, la fin de ce conte à la morale bien particulière.

Guylaine Laliberté et Bernard Carpentier (Pat & Ponpon) sont touchants et crédibles dans leur rôle. On s’amuse beaucoup en voyant se profiler par petites touches et surtout par le jeu de Guylaine, le personnage de cette gamine parfois cynique parfois tendre qui, à peine sortie du cycle de l’école communale, lentement découvre avec un étonnement d’enfant, l’utopie de la vie des adultes. Bernard Carpentier campe, quant à lui, avec authenticité un homme que la vie a buriné de fragiles certitudes et d’inébranlables désillusions. Le duo nous transmet, sur la scène du théâtre Essaïon, cette rencontre et cette complicité naissante avec beaucoup de conviction et de talent.

La mise en scène de Xavier Lemaire trace chaque tableau du dernier venu d’une ligne claire. Les fondus au noir entre ces tableaux sont habillés d’un fond sonore où se mêlent la musique de Régis Delbroucq et les voix de personnalités que l’on reconnait aisément. Cet habillage du noir par des paroles qui font échos au texte de la pièce est une idée que j’ose qualifier de lumineuse.

Le dernier venu de Roger Défossé mis en scène par Xavier Lemaire est une pièce qu’il faut se précipiter d’aller voir avec surtout… surtout le sentiment qu’il ne s’agit pas de la première venue.

David Nahmias 
(21/12/10)    



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Une loge
pour le strapontin












Théâtre Essaïon

6, rue de la Pierre au Lard
75004 Paris

Réservation :
01 42 78 46 42




Avec
Guylaine Laliberté
et
Bernard Carpentier

Mise en scène
Xavier Lemaire

Costumes
Sarah Dupont
et
Laure Becquignon

Accessoires
Magali Leportier

Musique
Regis Delbroucq




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