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Gil Galliot


Ma vie
en aparté


Étrangement, le rideau s’ouvre sur une répétition. Une jeune comédienne travaille un monologue de Phèdre sous le regard (et quelques grognements approbateurs) d’une professeure, Edwige, assise sur une chaise à droite de la scène.
C’est le point de départ choisi par Gil Galliot, auteur et metteur en scène, qui avait depuis longtemps le désir d’écrire sur le théâtre mais pas seulement, bien sûr, l’idée étant de montrer comment « se mélangent rapidement l’art théâtral et la réalité de la vie ».

Par d’astucieux effets de mise en scène, les deux femmes sont alternativement plus jeunes ou plus âgées au fil d’une vie consacrée au théâtre. Quel est le travail d’une actrice ? Comment s’imprégner d’un rôle ? A qui s’adresse-t-on quand on est sur scène ?

Toute une vie d’actrice se déroule sous nos yeux, de l’entrée en 1959 au cours Simon, aux trente années passées à la Comédie Française et à la période actuelle où le théâtre est toujours omniprésent. Comment s’articulent la vie professionnelle et personnelle ? Comment les textes se confrontent-ils aux émotions personnelles quand, par exemple, Edwige a refusé de jouer Phèdre ? La raison de ce refus sera difficilement et tardivement révélée.

Certains événements de la vie de Bérengère Dautun sont intimement mêlés au texte de la pièce notamment des scènes de l’enfance comme ces chants entendus dans le jardin lui prouvant qu’une autre vie l’attendait ailleurs, derrière le mur, ou la réaction violente de son père quand elle est devenue comédienne, et c’est toute la beauté du théâtre où l’on sent la personnalité des actrices et des acteurs s’infiltrer au cœur des mots et des émotions des personnages.

Beaucoup de questionnements accompagnent ce parcours artistique. Chercher la respiration du texte, l’amplitude des répliques est un long cheminement. Et finalement, quelles traces laissent les actrices et les acteurs après leur mort ? Les sculpteurs, les peintres, les écrivains laissent des œuvres mais les comédiens ? « Il ne restera rien. Le souvenir d’une émotion, d’une représentation. Le théâtre est l’art de l’éphémère. »

Après autant de subtilité et d’émotion, les applaudissements et les rappels expriment clairement la chaleur de l’accueil du public, séduit par la richesse du texte autant que par la qualité de l’interprétation des deux comédiennes, imprimant en chaque spectateur de profondes empreintes, loin d’être éphémères.

Brigitte Aubonnet 
(04/11/22)    



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Une loge
pour le strapontin









Studio Hébertot

78 bis Bd des Batignolles
75017 PARIS

Jusqu'au 19 décembre


Texte
et
mise en scène
Gil Galliot

Avec
Bérengère Dautun
Clara Symchowicz

Bande-son
Pascal Lafa

Lumières
Gil Galliot
Alfred Levy





Bérengère Dautun
Christian Cabrol
Mon amour, ma lumière

(L'Archipel, mars 2022)