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Barbara Lecompte


Rosa Bonheur
& L’atelier de By

Rosa Bonheur (1822-1899), peintre très célèbre en son temps et femme indépendante, a été oubliée au fil du XXe siècle. Cette pièce nous rappelle avec humour et émotion quel personnage atypique et moderne elle était.
Nous sommes le 14 août 1863 dans l’atelier qu’elle a installé dans le château de By, près de Fontainebleau, où elle vit avec son amie Nathalie Micas et la mère de celle-ci, sans oublier Céline, la cuisinière, qui n’est pas la dernière pour apporter les notes humoristiques dans la pièce. Pourtant l’heure est grave parce que Rosa attend avec impatience une lettre dont nous ne connaîtrons la nature qu’à la fin. Le cinquième personnage est le marchand d’art, Ernest Gambart, qui a beaucoup participé au rayonnement de Rosa en France et à l’étranger.

Rosa a quitté son atelier parisien de la rue d’Assas parce qu’elle était dérangée par trop de visites et de mondanités. Devenue châtelaine, elle est heureuse de trouver la tranquillité nécessaire pour sa création picturale.
« Contrairement à d’autres artistes, je ne ressens aucune inspiration sur les boulevards. Non pas parce qu’il s’agit d’un territoire « masculin », où l’on reluque les jolies femmes tout en parlant théâtre et courses de chevaux. Chez Tortoni, que croquer ? Non, Ernest ! Au pavé parisien, je préfère la terre fraîchement labourée. Aux beaux équipages cliquetants, de grands percherons massifs, aux jambes fermes, à l’œil mouillé de tendresse... aux crinolines, redingotes et beaux chapeaux, je préfère mille fois les robes de mes alezans. Et aux immeubles à six étages de monsieur Haussmann, les chênes centenaires de la forêt de Fontainebleau. Ici, à By, je me sens vraiment chez moi, chez nous. J’ai enfin trouvé mon bercail ! Et plus de visiteurs intempestifs comme à l’atelier de la rue d’Assas ! Ces mondanités étaient insupportables. »
Elle s’est entourée d’animaux, un singe (qui fait quelques apparitions dans la pièce au grand dam de Céline), des oiseaux, des moutons Mérinos, des vaches, des taureaux, des poneys Shetland, des chevaux et elle aurait aimé avoir des lions pour peindre leurs expressions. Elle admire beaucoup le peintre Delacroix. Nous assistons aux méandres de la création. Rosa Bonheur est aussi une féministe convaincue. Elle a obtenu une autorisation préfectorale pour porter des pantalons ce qui était interdit aux femmes au XIXème siècle car c’était considéré comme un travestissement.
« Si seulement on laissait à toutes les femmes cette liberté de porter des pantalons ! Le créateur ne nous a-t-il pas donné deux jambes, comme aux hommes ? Et quel confort ! Pour trotter dans la boue ! Pour monter à cheval ! J’espère bien, cher Ernest, ne vous en déplaise, que la mode en viendra ! »

Rosa Bonheur se sentait en accord avec George Sand qui vivait aussi comme une femme libre. Rosa Bonheur dénonce le fait que les femmes ne sont pas admises à l’Académie de peinture et qu’elles ne sont pas reconnues à leur juste valeur.
« Je trouve George Sand très courageuse ! Elle est libre, indépendante, et elle a osé sortir de la réserve propre à son sexe. Si elle s’est attiré la vindicte, c’est parce qu’elle tente, tout comme moi, d’élever la femme. Ce ne sont pas ses amours ou son cigare « immoral » qui scandalisent, c’est son talent, c’est son discours. L’éducation des masses, l’instruction des filles ! Le suffrage universel ! Oui, je nous vois comme deux sœurs. »

La mise en scène est dynamique pour mettre en lumière cette femme peintre animalière du XIXème siècle féministe qui défend l’art, l’indépendance des femmes et a un tempérament fougueux. Grâce à son talent, elle vivra très jeune de son art et aura une carrière internationale.
 
Cette pièce rend justice à Rosa Bonheur au fil d’un texte drôle et intelligent porté avec vivacité par une compagnie pleine d’énergie et de talent.

Brigitte Aubonnet 
(12/09/22)    



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À La Folie Théâtre

6 rue de la Folie Méricourt
75011 PARIS

Jusqu'au 6 novembre




Texte
Barbara Lecompte

Mise en scène
Yves Patrick Grima
assisté de
Marie-Line Grima

Avec
Aurélia Frachon
(Rosa Bonheur)
Laurent Ledermann
(Ernest Gambart)
Hélène Phénix
(Nathalie Micas)
Sabine Pisani
(Céline)

Et, en alternance, dans
le rôle de Mme Micas :
Myriam Descoutures
Marie-Line Grima
Martine Piat-Raffier









Le livre :


L'Harmattan

82 pages - 11 €
PDF : 8,49 €