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Qui a peur de Virginia Woolf ?


de
Edward Albee

Avec le départ de cette nouvelle saison et de superbes spectacles annoncés, Panchika Velez nous propose, avec naturel et mordant, Qui a peur de Virginia Woolf ?, une pièce écrite par le dramaturge américain Edward Albee ; celui-ci explore la vie intime d’un couple de quinquagénaires après vingt ans de vie commune.

L’action se passe sur le campus d’une université américaine dans le début des années soixante. Plus précisément dans le salon constellé de livres où vivent George (professeur d’histoire) et Martha. Fille unique du président de l’université, Martha (remarquable Frédérique Lazarini) est une belle femme au tempérament de feu, mortifiée par l’inaptitude de son professeur de mari, « embourbé au département histoire » qui, sous la férule de son père, devrait déjà être un  patron d’université. 
Il est deux heures du matin. Le couple a invité Nick un jeune professeur de biologie et sa femme Honey. Ce sont des nouveaux venus sur le campus. Si Nick est ambitieux, Honey est plutôt insignifiante et rêveuse.
Les salutations réalisées, Martha et George exhibent leur vie intime face à Nick et Honey. Le sujet de conversation – s’il en est – tourne principalement autour du fils de Martha et George. Martha l’a lavé sous la douche jusqu’à l’âge de seize ans. Aujourd’hui, il a vingt-et-un ans, c’est son anniversaire et il doit passer. Quand ? Nul ne sait.

Qui a peur de Virginia Woolf ?, d’Edward Albee, jouée pour la première fois à Broadway le 13 octobre 1962, n’est pas sans rappeler les climats glauques et sans complaisance des pièces du suédois Lars Norén. Et si la pièce, à de nombreuses reprises jouée en France, reprend les chemins du succès, elle le doit au texte habilement adapté par Panchika Velez avec un quatuor de comédiens qui, plus de deux heures durant, sans entracte, incarne avec un cynisme distancié leurs personnages martyrisés par les résurgences de leurs âmes. On assiste à une furia mortifère avec des jeux de violence et d’humiliation inouïe. C’est un déballage de vérités, comme de faussetés, d’inventions. Violence conjugale, perversion, toutes les gammes du psychologique inondent la scène et l’on pressent qu’au fond de  ce tumulte se cache un secret.

Les personnages se perdent dans un délire alterné par la pause du bruit des glaçons dans les verres chargés d’accompagner le Bourbon et le Brandy – l’alcool, angle de lecture dramatique à lui tout seul – avant que les joutes verbales ne repartent. On ne sait pas trop où tout cela va nous mener. Ce que veulent les protagonistes étouffés dans leurs bas-fonds. Sauf que George et Martha ont besoin que Nick et Honey participent à leur déballage conjugal. George étrangle Martha, sauvée in extremis de l’étouffement par Nick. Simulée ou réelle l’agression ?

À nul moment on n'a l’espoir d’un retournement de situation explicatif. La nuit durant, la déchéance s’accentue. Martha, explosée d’alcool, drague Nick sous les yeux de George et Honey, et l’embarque pour quelque frasque sexuelle vers la salle de bains ou la cuisine.
Au petit matin, un télégramme lu à haute voix pas George va éclaircir les choses aux oreilles de Nick et Honey, déversoirs épuisés.

Le spectacle est dur, féroce, avec des relations impitoyables entre les êtres.
On est tenu de bout en bout.
Un grand bravo !

Patrick Ottaviani 
(20/09/18)    



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Théâtre 14


20 av. Marc Sangnier
75014 Paris

Location :
01 45 45 49 77



Texte
Edward Albee

Mise en scène
Panchika Velez

Avec
Frédérique Lazarini
Stéphane Fievet
Agnès Miguras
Aurélien Chaussade